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 Hirale

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MessageSujet: Hirale   Hirale Icon_minitimeDim 13 Juin - 0:57

Nom : Langhsden

Prénom : Hirale

Age : Probablement une vingtaine d'années (ne l'a jamais su exactement)

Rang : Humaine

Code : Validé par Lila

Techniques de combats :
Hirale n'a pas de technique de combat particulière, elle se sert juste du b.a.-ba qu'on lui a appris pendant son adolescence. Sachant que le combat au corps à corps est un enseignement qui fut très peu suivi de sa part, elle ne dispose que de son maniement à l'épée comme moyen efficace de défense. Son habilité à l'arme blanche lui permet entre autre d'exercer quelques parades, seul subterfuge contre les ennemis démoniaques qui, jusqu'alors, n'a jamais été testé en situation réelle.

Description générale :

Physique :
Le moins que l'on puisse dire lorsque l'on observe la physionomie de Hirale c'est qu'elle présente en tout point la carrure d'une jeune femme banale, sans attrait particulier ni rien qui ne sorte de l'ordinaire. En y regardant de plus près, la jeune femme est de taille et de poids convenables, cependant légèrement svelte.
Après quoi, se dressent les traits qui font de la demoiselle un être authentique et singulier. Rien de bien transcendant cela dit, mais qui permet de la distinguer de telle ou telle autre jeunette. On remarquera donc en premier ses yeux qui, dans ces iris parsemés d'une teinte virant au bleu saphir, miroitent sa sagesse et sa stabilité d'esprit. Son faciès, quant à lui, représente son côté atone. Il est très rare d'y voir s'exprimer ses sentiments intrinsèques, même si quelques mimiques viennent perturber par moment cette passivité.
Un grain de peau virant au pâle et de longs cheveux d'un blond pur, atteignant le bas de ses hanches, viennent compléter ce tableau.
Enfin, la garde-robe que porte le plus clair de son temps la belle se compose d'une élégante tunique aux allures d'une armure légère. Une épée de moyenne portée lui est de façon subsidiaire affiliée.

Selon toute vraisemblance, l'apparence de l'humaine ne suggère en rien qu'elle ait une force très développée, et sans toutefois être frêle, elle avoue elle même ne pas exceller dans la "persuasion physique". En contrepartie, elle compense ce déficit avec son agilité, relativement bien avancée pour une humaine.
Hirale est atteinte de la maladie de Willebrand, un trouble qui se caractérise le plus souvent par des hémorragies cutanées spontanées. N'ayant pas les connaissances requises à cette époque, personne ne sait qu'elle est véritablement en proie à la dite pathologie. Les manifestations les plus fréquentes chez elle sont des saignements au niveau du visage et du cou, il lui arrive d'avoir d'importants écoulements lors de périodes chroniques sévères. Cela a pour principale complication de réduire la vascularisation au niveau de la face, plus particulièrement encore dans les muqueuses buccales et la langue.

Caractère :
L'humaine qu'est Hirale correspond à un ensemble de paradoxes parfois bien complexe à cerner. Avant un certain traumatisme qui lui fit perdre la parole, il fallait retenir d'elle son incroyable don au sarcasme qui dans des débats exacerbés pouvait atteindre son paroxysme. La franchise chez la jeune dame est comme une seconde nature, préférant garder vérité en surface. Et alors qu'elle aurait pu développer ceci en ce que l'on pourrait appeler une vertu, Hirale en fit l'un de ses défauts majeurs avec comme moyen l'ironie la plus profonde et agressive; le sarcasme.
Néanmoins pour prétendre avoir entendu celle-ci s'être prononcée de la sorte, fallait-il d'abord qu'elle daigne vouloir s'intéresser au dialogue du concerné. Non pas indifférente, la demoiselle était surtout discrète et préférait se réserver ses moments de moquerie lorsque la situation l'amenait à la faire parler dans ce sens. Ses discours furent souvent courts et concis, de manière à n'exprimer que le strict nécessaire.
Après l'incident qui l'amena à son éternel silence, Hirale ne s'adresse plus à personne sans une véritable raison. Surement parce qu'elle a du mal à se faire comprendre par de simples gestes.
La demoiselle peut donc paraître peu sociable de prime abord, mais il n'en reste pas moins qu'au delà de paraître froide, sa volonté d'aider se fait ressentir dès lors qu'il devient vital d'agir. Cet altruisme n'est en aucun cas une marque de bienfaisance selon elle, c'est surtout une aptitude naturelle dont n'importe qui devrait faire preuve.

Ce qui reste la plus grande faille de cette jeune femme est sans doute son manque de confiance envers autrui. De par son passé, elle eut à se trouver dans des circonstances peu enviables pour à présent se tourner vers quelqu'un. Ceci peut ne pas être considéré comme inconvénient, à condition de ne pas être grégaire également. Car oui, Hirale repose beaucoup sur l'esprit de groupe, l'aide que peut apporter une autre personne comme le soutien qu'elle pourrait réciproquement amener est chose qui lui paraît nécessaire en ce monde si rude. Elle délaisse ainsi sa présumée solitude dans le but de l'intérêt commun.

Quand bien même la confiance est un rare trésor en la personne qu'est Hirale, il est difficile de lui faire changer d'avis lorsqu'on l'a gagné. Sa fidélité n'a d'égal que ses propos réfléchis. La défection est en effet une chose qui lui est étrangère même si ses éphémères accès de témérité la porte à certains moments dans des situations qu'elle n'ose guère convoiter en temps normal. Autrement, la placidité est de loin le caractère le plus prépondérant dans son comportement, ne se laissant que rarement débordée par les évènements et sachant faire preuve de patience.
Enfin, que serait cette chère Hirale sans sa naturelle capacité à se sous-estimer ? Là est la question. Peut être par modestie, ou encore par rabaissement perpétuel, l'humaine reste plus que terre à terre quand il s'agit de se mettre en avant. Certains pourraient interpréter ceci comme un profond pessimisme refoulé, elle, se l'indique telle une austère vérité.

Histoire :

Prologue
Les bas quartiers de Nolani ont toujours recélé d'une intense misère, sans doute la plus déplorante de tout le territoire. Ces si piteuses venelles que peu de monde côtoie furent pour leur majeure partie envahies par les restes de banquets pourrissants, d'autres sont le refuge incertain de vagabonds. Là bas résidait une telle décadence que même les soldats n'osaient pas aller régler les litiges civils. Aucun soldat, non, il y avait bien eu un groupe de ces hommes en armure une fois dans l'une des rues oubliées. Chacun des fripons composant cette troupe avait certainement plus d'alcool dans leur panse ce soir là que tout un régiment pendant les festivités d'honneur. Les saveurs que leur avait procuré le délicat breuvage convainquit la meute entière de boire sans économie. Après avoir amplement trinqué en la gloire de la milice, leur allégresse en fut d'autant plus grande lorsqu'ils croisèrent une jeune femme seule dans l'une des ruelles des bas fonds de la ville.
Il ne fit aucun doute que la passante avait une vie des plus misérables, elle était le reflet du dénuement le plus total. Habillée d'une vieille robe trouée à plusieurs endroits, pieds nus et le visage enduit d'une quelconque saleté trahissait sa condition. Sa marche s'accéléra lorsqu'elle aperçut les regards et sourires espiègles de la horde. A cette réaction, l'un des ivrognes se mit en quête d'accoster la demoiselle avant que cette dernière ne se défile pour de bon. La suite fut plus rapide, car à peine l'homme avait prononcé quelques mots que les autres ne s'étaient pas ménagés à aller chercher la jeune sans abri. Ils avaient surement dû comprendre une sorte de signal lorsque le leader tenta d'interpeller la dite concernée. Deux hommes s'étaient chargés d'agripper la victime au niveau des épaules, pendant que les autres commençaient déjà à la battre. Le dernier écarta les brutes puis commença à déshabiller sa prise, faisant signe aux autres d'en faire de même... Les pensées perverses du bougre furent alors réalisées, pendant que la jeune violentée, impuissante, assistait à ce spectacle contraint, larmes et hurlements comme moyen de détresse. Puis revint le temps des coups, multiples et agressifs. Les côtes, le visage, les membres... Rien qui ne fut solide n'échappa à la fureur des scélérats. Et ainsi, la lumière de la lune commençait à devenir floue à la vue de l'être torturé, perdant petit à petit le peu de conscience qui lui restait...

Contre toute attente, les coups se cessèrent d'eux-mêmes, la douleur était vive mais rien ne venait en ajouter davantage. Quelques sons purent pénétrer dans l'oreille ensanglantée de la belle, qu'elle put distinguer comme une voix masculine.

N'espérez pas que l'acte que vous venez de commettre restera impuni très longtemps messieurs !

Un garde avait été attiré par le tapage du crime, il s'empressa d'empoigner son épée et de mettre en garde par son geste le chef du groupuscule. Celui-ci s'esclaffant alors.

Et que comptes-tu faire face à un groupe entier, Ô grand chevalier ?

Les autres barbares se mirent à rire en chœur de la provocation de leur leader, un vacarme vocal qui voulait signifier la situation si dérisoire pour le seul et unique défenseur.

C'est simple, nous allons un à un vous châtier de cette cité.

"Nous" ? Ne me prends pas pour plus pochard que je suis l'ami. Tu es seul, ça ne prend pas avec moi !

Ni une ni deux, le vil adversaire s'empressa d'aller à la charge, ses compagnons le suivant de près. Mais lorsqu'ils rejoignirent l'ennemi, à la sortie de la ruelle, l'équipe fut vite prise au dépourvue : une vingtaine d'hommes de la garde spéciale les avaient encerclés en moins de temps qu'il ne fallait pour sortir une épée de son fourreau. L'escapade nocturne des belliqueux était contraire aux règles de la milice locale, ils furent alors recherchés dans tout Nolani dès que leur disparition fut signalée. Le chevalier s'avança alors et avec sourire en coin, présenta la situation aux odieux personnages.

Quelle malchance pour vous que votre section devait se présenter ce soir pour les faits d'armes, ne trouvez-vous pas ?

Il n'attendit même pas de réponse de leur part qu'il eut déjà donné signe de les conduire au camp. L'homme s'empressa aussitôt de transporter la victime aux hospices, en aspirant à ce que son état ne soit pas déjà condamné. Après longue attente, une bonne sœur annonça au sauveur que l'inconnue était sauve, alors soulagé d'entendre cette nouvelle. Il entama donc son départ de la bâtisse, avant qu'une autre de ces nonnes ne lui annonce l'envie qu'avait la victime de rencontrer son bienfaiteur. Il fut redirigé vers le dortoir où se reposait la dite jeune femme. Après de brefs échanges, entre remerciements et convenances, le soldat lui promit que ce genre d'acte n'arriverait plus à présent.
La convalescence quelques jours plus tard achevée de la demoiselle lui contraignit de quitter l'établissement, sans avoir pu reprendre contact avec son protecteur. S'ensuivit alors d'une période étonnamment calme pour l'humaine, jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive un beau jour de son état; ce malencontreux "incident" lui coûta de tomber enceinte...


I
C'est dans ce contexte précis que naquit Hirale, un être inopiné dans l'existence d'une mère désemparée. Les années s'écoulèrent alors avec la peur de perdre non seulement sa vie mais aussi celle de son enfant. La jeune fille, elle, se fit dorloter avec les moyens que pouvait fournir son seul parent. L'histoire de sa genèse ne lui fut jamais divulguée, jugée trop difficile selon sa mère.
A l'age incertain de dix ans, la jeunette commença à assimiler les rudiments d'une vie peu commune, celle du vagabondage. Auprès de sa mère, elle comprit la méfiance qu'il fallait adopter envers autrui, toujours se suffire à soi même sans jamais s'ouvrir à quelqu'un inutilement.

Lors d'une nuit sous un pont de Nolani, Hirale tint à faire visiter à sa mère certains coins qu'elle avait repérés, susceptibles de pouvoir mieux les abriter les jours de pluie. Cela fut non sans détermination que la petite insista, agrippant son aînée par le bras et tirant de toutes ses forces. Rien n'y fit, la femme voulait avant tout éviter les déplacements en pleine nuit, même si d'autres lieux pouvaient montrer une sureté plus ample que celui-ci. Le souvenir de l'effroyable nuit tarissait encore la once de courage qu'elle avait entretenue avant cet incident.
C'est alors qu'une silhouette apparut plus loin, une ombre qui se rapprochait du pauvre duo. L'émerveillement se lit tout d'un coup sur le visage de la mère, la joie de retrouvailles. L'inconnu était en fait le soldat qui se porta au devant du danger pour sauver la vie de la belle. Elle reconnut facilement l'homme à son armure mais surtout grâce à son visage, presque inchangé depuis leur dernière entrevue. S'avançant délicatement vers lui, elle commença à parler avec douceur, toute émue de cette nouvelle rencontre.

Vous... Merci infiniment pour t...

Quelque chose n'allait pas, Hirale le remarqua très rapidement. Sa mère s'arrêta sans aucune raison apparente de parler, plus de bruit n'émanait de là où les deux adultes s'étaient joints. Du sang... Seule une trainée de sang se mut peu à peu sous les pieds nus de la fillette. L'incompréhension régnait en maître dans l'esprit de l'enfant, elle n'osait pas bouger ni prononcer mot.
Le corps de la dame tomba alors, laissant apparaître sa cage thoracique à nue. De même, un démon prit la place du soldat, étincelant de rouge brunâtre sur toute la largeur de sa gueule. La lueur qui régnait dans les pupilles du monstre ne reflétait pas l'envie de se délecter d'Hirale dans l'immédiat, comme si autre chose absorbait ses pensées. Il s'approcha juste, attendit, puis s'approcha encore. Toute pétrifiée, la jeune fille resta de marbre face à cette redoutable arrivée...
Une autre ombre se faufila soudainement entre elle et lui, ne laissant l'opportunité à la bête d'être au contact de la gosse. La nouvelle inconnue était grande et fine et portait une armure, elle possédait en outre une remarquable prestance. Toutefois, ses craintes d'être gênée par la petite durant son affrontement lui firent perdre en assurance, elle se devait de combattre sans aucune incommodité. Par conséquent, elle prit Hirale par la manche, l'éjecta quelques mètres plus loin et enfin sans se préoccuper de cette dernière, fonça sur l'ennemi. La chère tête blonde ne se fit pas prier pour s'enfuir au plus vite de l'endroit pendant que les deux combattants semblaient se déchirer.

Le jour suivant, la bourgade retrouva son calme. Rien ne permit de penser que le démon était sauf après le combat de la veille, mais l'humaine n'était pas assez curieuse pour aller demander confirmation, déjà affublée d'un triste deuil. Un flot considérable de haine et de tristesse se mêlait en elle, sa seule famille avait disparu en un rien de temps. Désormais, tituber dans les quartiers semblait chose monotone, sans âme, sans but. Tout le désarroi qu'elle éprouvait lui était bien obscur, elle n'avait pas encore conscience à son âge de ces maux si abstraits, et cette incompréhension alimentait d'autant plus sa peine. Les jours suivants, il lui prenait de parler seule, croyant encore que sa défunte mère ne l'avait pas subitement quittée.
Une journée où le soleil se fit de plomb assaillit les paupières de la jeune orpheline qui ne purent retenir son réveil bien longtemps. D'un mouvement brusque elle s'étira de tout son long puis se leva en douceur, cherchant du regard une personne qui n'était plus là... Sa promenade matinale la mena ainsi jusqu'à la place, là où se tenait un entretien entre plusieurs émissaires. L'un d'entre eux se distinguait du groupe, de par son apparence bien fuligineuse. Il obtint d'un des autres protagonistes un sac tout aussi mystérieux, qu'il accrocha aussitôt à son ceinturon. Sans aucune politesse, le ténébreux personnage se retira de la conversation. Son regard croisa celui de la petite, ce qui l'amena à s'arrêter à quelques pas d'elle. Il la fixait, tout en affichant un rictus plus que déplaisant. Hirale décida de l'ignorer, comme elle en avait l'habitude avec toutes les personnes qu'elle rencontrait sur son chemin, mais le concerné ne lâcha pas prise et l'interpella même.

Dis moi petite, veux-tu bien venir par là ?

...

L'appel tomba dans l'oreille d'une sourde, la fillette ne bougea pas d'un trait et tint à garder ses positions. Ce fut lui qui s'approcha en fin de compte, il garda son sourire déconcertant et doucement reprit la parole.

Alors, que fait seule une si jolie petite fille ? Où sont tes parents petite ?

Ils sont morts.

Ne jamais lésiner sur la franchise, un précepte connu sous toutes ses coutures pour Hirale, ce fut une fois de plus l'occasion de le démontrer et elle le fit de façon appliquée et concise. L'homme sembla subitement plus intéressé après cette réponse, son ton enjôleur s'en fit marquer davantage.

C'est bien triste ce que tu me dis là. Que dirais-tu si je te proposais d'avoir une nouvelle famille ?

J'en dis que ce ne serait pas ma véritable famille de toute façon.

Tu as raison. Mais préfères-tu rester seule dans ces conditions plutôt que d'avoir la chance de recommencer une nouvelle vie ?

...

Les arguments que le bougre avança eurent le don d'énerver l'enfant, parce qu'ils suffisaient à donner raison à son interlocuteur. L'étrange individu, voyant la perplexité dans les yeux de la jeunette, lui tendit sa main.
Cependant, elle n'eut pas l'opportunité de répondre à ce geste; un garde de Nolani, ayant surveillé la conversation depuis le début, se présenta à l'enrôleur.

Excusez-moi mon brave mais que faites-vous au juste ?

Rien de bien répréhensible, je discutais juste avec cette jeune fille.

Celle-ci ? Êtes-vous sûr ? Il posa sa main sur l'épaule de Hirale, chose qui la fit tiquer sur le moment.

Assurément, celle-ci même.

Alors vous pouvez circuler, la fille du chef n'a pas à discuter avec des étrangers.

L'information abasourdit l'obscur racoleur, forcé d'admettre qu'un chef de la garde pouvait être une gêne si l'information s'avérait exacte. Le mensonge n'avait toutefois aucune once de crédibilité, après les propos tenus par la petite. Le garde insista d'un regard perçant afin de faire comprendre que persister n'avancerait à rien. En grimace se transforma le sourire du sombre énergumène, qui ne tenta guère de continuer, quand bien même cette histoire ne lui semblait pas tout à fait claire.

Tâchez de lui dire qu'il l'habille plus décemment la prochaine fois...

Irrité, il partit aussitôt et masqua son mécontentement en drapant son visage d'une écharpe. Ce fut au tour du garde de se retirer, sans donner nulle autre explication à Hirale, une simple tape à l'épaule comme un "de rien" déguisé. La petite pensa alors à juste titre que le soldat l'aida à se débarrasser du persécuteur.

Plusieurs mois passèrent, la jeune fille continua sur le même chemin déjà tout tracé de sa génitrice, mais tissa cependant des liens avec d'autres personnes de sa situation. Une entraide prit forme peu à peu, jusqu'à ce qu'un groupe à part entière se forme dans les bas quartiers de Nolani. Chacun avait un rôle bien défini dans cette nouvelle compagnie, même si la petite fut de prime abord écartée de toute tâche. Elle prit alors l'initiative de se mettre à disposition auprès des personnes qui avaient le plus de difficulté à accomplir leur propre fonction.


II
La quête de vivres était devenue au fil du temps la spécialité de Hirale, elle se portait volontaire pour les autres de débusquer tout ce qui pouvait combler l'estomac, quitte des fois à voler. L'odorat était un sens qu'elle aimait particulièrement mettre en exergue lors de ses "pistages", même si cela n'était que pour discerner la bonne nourriture de la mauvaise et en aucun cas afin de se comporter tel un animal. Cette fois-ci, son flair la porta derrière une taverne, des restes se trouvaient près de la sortie des cuisines. Ses fines mains dénichèrent une miche de pain quasi-intacte dans l'amas de déchets, elle s'empressa alors de s'éloigner un peu de l'espace nauséabond pour savourer son butin.
Avant même que la mie ne frôle ses lèvres, un soldat de la ville déboula d'une des rues adjacentes et s'approcha de la petite. Son allure et sa bouteille vide à la main ne manquaient pas d'indiquer son absence certaine de sobriété cette nuit là. Tout juste tenant sur ses deux jambes, l'ivre troupier s'arrêta net devant la petite puis, avant de la fixer, tangua quelques secondes tel un métronome. En plus de donner une impression de vertige, le vaillant guerrier ne manqua que de peu de tomber de tout son long, ce qui en soi dessina un léger sourire amusé sur la bouille de Hirale. Ses esprits un moment retrouvés permit au preux d'élucubrer des propos que même la jeune fille, pourtant habituée à discuter avec des personnes peu saines d'esprit, ne faillit pas comprendre sur le coup.

Jeouh vaous salue cheiyre damoiseille.... *hips* Haoups !! Jiiiiiiy vaous sairay greiii deyh bien vouhhhloiir vaous pousssseyh....

Le message sonna clair pour la fillette, assez clair pour qu'elle ait le vif réflexe de faire un pas de côté à temps, évitant ainsi toute une substance régurgitée avec violence sur les pavés de la ruelle. La chaude marmelade avait hélas emporté avec elle le morceau de pain trouvé plus tôt, que l'enfant ne put empêcher d'égarer lors de son mouvement brusque. Elle regarda tristement s'en aller son seul repas de la journée dans la matière gastrique, la faim au ventre. Puis le garde, sans aucune autre politesse, reprit son bout de chemin et disparut au fond de la ruelle.
La petite fille quant à elle resta un moment là, agenouillée près des déchets de l'arrière-cuisine, cherchant avec un grain de désespoir un autre condiment à pouvoir se mettre sous la dent. C'est alors qu'un autre garde, avec une armure tout à fait différente, prit la même ruelle et croisa lui aussi Hirale. Celui-ci ne paraissait pas si dépravé que le premier et s'arrêta de façon cohérente, c'est à dire sans posture absurde, devant le rendu de son collègue. Il pesta lorsqu'il sentit l'odeur pestilentielle lui remonter aux narines et se tourna ensuite vers la gosse.

Es-ce toi qui est à l'origine de ça ?

Non.

Et saurais-tu qui en est l'auteur ?

Même si je le savais, à quoi bon vous le dire ?

Cela ne te regarde pas jeune fille.

Si ce ne sont pas mes affaires, j'vois pas pourquoi il faudrait que je m'implique maintenant en vous le disant.

Un léger silence s'installa, l'une jubilant presque d'être dans la position la plus aisée, l'autre grommelant puisque contraint de devoir se rabaisser à répondre. Il préféra cependant abandonner et continua finalement sa route. Ne s'attendant pas à cette réaction, Hirale fut alors obligée de lui répondre à haute voix, avant que l'aigri ne soit vraiment trop à distance pour entendre.

Un garde, un peu plus jeune que vous.

La marche de l'homme se stoppa de façon machinale après cette annonce. Peut être avait-il pressenti que la seule manière de désamorcer la situation sans même prendre la peine de répondre était de jouer le désintéressé. Si cela n'était pas un subterfuge, cela eu en tout cas l'effet désiré. Le garde se retourna et s'approcha de nouveau en direction de l'enfant.

Et saurais-tu le reconnaître si il se présentait de nouveau face à toi ?

Possible.

Très bien. Rendez-vous ici, demain, à la même heure. Il marqua une pause Et ne t'éloignes plus de tes parents à l'avenir.

... Vous croyez que j'vais vous donner c'que vous voulez sans rien en échange ?

Que pourrait-il te convenir que je pourrais t'apporter ?

Un toit...

La requête aurait pu se porter sur des choses plus simples, comme de la nourriture ou de vrais vêtements, mais son envie de ne dépendre que d'elle même à l'avenir, et non plus d'un groupe, devait commencer par un véritable abri. Et pourquoi ne pas attribuer à ce parfait inconnu le rôle de père pendant qu'on y est ? Non, elle se rendit compte que sa demande n'était pas quelque chose de raisonnable tout compte fait.
Après cette dernière réponse, il était simple à comprendre pour son interlocuteur que Hirale était une de ces pauvres enfants à qui ni la nature ni les yomas n'ont épargné son existence. Ce soldat avait bien l'air dur, mais il n'en était rien; ses convictions sont en total désaccord avec le paupérisme. Ses états d'âme ne pouvaient de toute façon lui laisser le choix de délaisser un être si frêle dans le besoin. Ainsi, un bref hochement de tête, suggéré comme un oui, suffit à ébahir le joli minois.

Ce qui au début devait être la simple identification d'un garde alcoolique en manque de correction devint progressivement une véritable relation père-fille entre la jeune demoiselle et son hôte.
Tous deux vivaient dans la masure de l'homme aigri, c'était le surnom que donna la petite fille à son aîné, ce dernier voulant lui rester anonyme, du moins dans les premiers temps. Et cette dite première période ne fut pas sans discordes et conflits, parce que le tempérament des deux individus s'entrechoquaient très souvent, la majeure partie des démêlés portant sur l'éducation de la cadette. Les principes dont était empreinte la jeune récalcitrante n'étaient pas compatibles avec ce qu'imposait son futur mentor. Mais l'occupation à d'autres affaires qu'il jugeait plus importantes que de redresser une petite indisciplinée le contraignit à délaisser Hirale.
Pourtant, ces deux "antithèses" finirent petit à petit par ne plus se séparer. L'effrontée commença à comprendre l'aigri, avant même d'apprendre de lui. Le comportement d'ermite, sa modique situation, et surtout son intérêt pour les démons; les mêmes monstres qui quelques années plus tôt emportèrent la mère de la jeunette. Il lui expliqua ce qu'était ces vermines, ce que constituait l'Organisation sur ces terres et ce dont il aspirait pouvoir ériger pour contrer l'un et l'autre. Dès lors, l'opposition de caractère entre les deux se changea en une sorte de synergie au fur et à mesure que la petite daignait assimiler les connaissances qu'on lui inculquait.

Une académie fut par la suite érigée au sein de Nolani, avec comme fondateur le précepteur de Hirale. Il n'avait pas tout dévoilé encore à sa petite protégée, notamment qu'il était l'un des plus hauts émissaires de la milice locale. Et ce titre lui permit d'imposer l'édification d'un centre regroupant les plus expérimentés dans les sciences organiques et physiques, ainsi que des guerriers aptes à une seule et même lutte, celle engagée alors contre les yomas. L'académie de Nolani accueillit un peu plus tard ses premiers disciples, afin que la garde soit elle aussi capable de défendre la cité dans les meilleures conditions qui soient. En parallèle de ses activités administratives, l'homme se vouait à parfaire l'éducation de la jeune fille.
A partir de son adolescence, l'enthousiasme de la demoiselle ne put plus longtemps se faire contenir par son père spirituel; il était temps pour elle de devenir à son tour une élève de l'académie. Elle le fut, mais avec un enseignement bien plus encadré, son seul instructeur étant ce bon vieil aigri. Ce fut pendant son apprentissage qu'elle eut l'occasion de rencontrer Azias, le premier lieutenant du promoteur. Azias et Hirale entretinrent très vite une relation amicale, bien que ce premier ne soit opposé à ce qu'une femme puisse entrer dans les ordres de Nolani. Cela n'empêcha pas la belle de sortir de sa formation avec les félicitations des gradés, et une simple tape à l'épaule de la part de son maître.


III
Les années défilèrent, et Nolani resplendissait de sa nouvelle prospérité. Loin était le temps où les gardes alcooliques et violeurs pullulaient ses quartiers et où la sécurité ne pouvait être pleinement assurée qu'avec l'assistance de sorcières aux yeux d'argent. Cette période marqua également la disparition brutale de l'instigateur de ce progrès, l'aigri mourut de vieillesse. Alors que la jeune femme sombrait dans l'affliction, Azias eut l'honneur de combler la place nouvellement vacante de leader. Hirale assista une fois de plus impuissante à la mort de l'un de ses proches, et la même mélancolie l'envahit durant quelques temps, la conditionnant à se refermer encore plus sur elle même. L'empathie de son ami et nouveau chef lui permit peu après d'être promue au rang d'instructrice spécialiste en armes blanches, elle commença ainsi à transmettre aux élèves ce que feu l'aigri lui avait enseigné autrefois. Les mémoires d'un homme qui lui avait tant apporté, et qui aujourd'hui n'est plus...
Nombreuses furent les personnes qui adressèrent leurs condoléances à l'endeuillée, étant connue par la majorité de la populace depuis son entrée dans l'académie. Le chagrin n'avait pas pour autant tari, même avec toute l'empathie qui l'entourait à cette période. Et rien qui ne suivit après cet évènement n'amena à arranger les choses...

En effet, un déclin naissant s'immisça dans la cité, se propageant de façon sinueuse mais organisée. Le râle de nombreuses victimes commençait à peser lourd sur la notoriété de l'académie. Il était difficile d'expliquer ce qui pouvait bien mettre en échec les tactiques de l'ordre établi. Les morts, toutes aussi morbides les unes que les autres, ne pouvaient laisser pressentir que l'œuvre de yoma. L'autorité n'eut d'autre choix que d'organiser une traque ardue à l'encontre du monstre furtif, les patrouilles nocturnes comptaient de plus en plus d'effectif afin de stopper cette furie. Après quelques temps, tout portait à croire que la bête ne serait jamais mise en échec, et Nolani tomberait en ruines ou serait de nouveau dépendante de l'Organisation sous peu. Ce songe se répandit lentement dans la bourgade jusqu'à ce qu'un groupe de marchand ne fût attaqué près des bois alentours. L'une des victimes échappa in-extrémis à une mort carnassière pour périr de ses nombreuses blessures à l'entrée de la cité, rassemblant le peu de force qui lui restait pour expliquer que le démon en question se situait dans la forêt. Cette information tomba dans l'oreille avisée de Hirale qui s'empressa de se diriger vers les quartiers d'Azias dans l'intention de le lui transmettre.
Son entrée dans la salle principale canalisa l'attention des hauts dignitaires présents. Azias fit mine de paraître impassible, même si l'irritation se lisait distinctement sur son visage. L'arrivée inopinée venait déranger une réunion qui semblait plus ou moins importante, les regards furieux portés à l'encontre de la jeune femme l'attestaient en tout cas. Un bref signe de main de la part du chef indiqua aux autres de se retirer. Au calme, Hirale expliqua l'incident près de la forêt et insista sur l'importance d'une intervention immédiate dans ces bois, chassant à jamais la menace évidente qui causait tant de maux aux Nolaniens. Malgré avoir persévéré pour convaincre son supérieur, la belle n'en retira qu'un refus catégorique. Les risques pour l'escouade était selon lui trop élevés pour engager ce genre d'attaque. Mais à défaut d'avoir l'approbation directe de l'homme, l'instructrice obtint tout de même de ce dernier la responsabilité de superviser une escorte pour les futurs convois de civils à l'extérieur de Nolani.

La caravane suivante fut donc assurée par une garde rapprochée. Peu d'itinérants considéraient néanmoins cette initiative comme nécessaire, les démons n'étaient selon eux que des bêtes sournoises attendant des proies isolées. Ce fut exactement la même erreur que commirent les victimes du premier groupe. S'imaginer le pire face à ces entités était au contraire le moyen le plus sûr d'anticiper leurs coups les plus subtiles. Et il ne fallut qu'une petite dizaine de minutes après leur départ pour que déjà les balbutiements d'un danger ne viennent alerter certains soldats de l'escorte. La jeune femme dépassa la cohorte et observa les multiples mouvements dans les arbres. Trop rapides pour de simples animaux... Le pire venait ainsi de montrer le bout de son nez.
De stratégie l'unité n'avait pas changée depuis cette arrivée; une défense tout autour des marchands en formation de cercle. Le groupe, immobile, attendait le premier assaut de l'ennemi, sondant la moindre parcelle environnante. Rien ne vint de front, la brise était la seule essence qui filtrait à travers le rempart humain. La main crispée d'un des soldats commença à trembler, l'attente lui devenait interminable. Puis un autre résista aux crampes naissantes au niveau de ses mollets. Tous n'attendaient que l'une des deux actions qui leur permettrait enfin de se mouvoir : l'ordre d'attaquer par Hirale ou la charge du monstre. Bien sûr, la première idée n'était que très peu probable, à moins que leur chef ne craquât aussi sous la pression nourrie d'impatience et de frustration.

L'implacable malaise se stoppa pour laisser place à un ricanement diffus, de plus en plus proche. Peut être l'annonce de l'offensive redoutée ? La crispation en était des plus présentes dans les rangs humains, la tension à son paroxysme. Mais finalement, aucune tentative ne se concrétisa, il en fut de ce fait une toute autre tournure... Les nerfs à vif d'un sous officier cédèrent, le laissant libre cours à sa fureur. Il chargea droit devant lui en criant à pleins poumons. Hirale vociféra une mise en garde au forcené pour essayer de réfréner ses ardeurs. En vain, puisqu'à peine arrivé à la limite de la forêt, le garde perdit d'abord sa clavicule droite, libérant chair et sang à terre, puis sa tête. L'amertume et la colère remplacèrent la peur dans l'esprit de la jeune femme, cette inexorable perte anima en elle une rage sans borne. Elle ordonna aux archers de tirer sur la dernière position connue de l'adversaire, seuls des mouvements dans les feuillages lointains en fut le résultat. Le démon prenait la fuite, avec lui sa victime. A ce stade, il était inacceptable de le laisser fuir, et la belle le savait bien. Elle demanda à quelques hommes de la suivre pendant que les autres continueraient l'escorte jusqu'à la destination prévue.
La poursuite prit son temps, mais porta ses fruits. Le démon était à présent cerné par la troupe... Ou inversement. En l'espace de quelques minutes, la bête avait réussi à anéantir son opposant, balayant par de simples coups les soldats désappointés. Ce fut au tour de Hirale d'affronter sa plus grande peur, elle y résista tant bien que mal. Ses talents d'épéiste lui auront permis de ne perdre que son épée dans le combat. En contrepartie, ce désagrément lui valut l'annihilation de toute sa défense. Il suffit d'un autre horion pour la projeter sur un arbre et ainsi lui faire perdre connaissance. Le monstre s'apprêta alors à en finir avec l'humaine, lorsque quatre flèches pénétrèrent le corps de la dite créature et la fit s'écrouler. La dizaine de soldats qui étaient restés avec la caravane outrepassèrent leur ordres et arrivèrent juste à temps pour sauver l'instructrice. Un éclaireur vint alors s'ajouter au groupe et avant même que les soldats n'essayèrent de ranimer Hirale, le dernier venu s'époumona, racontant que Nolani était attaquée en ce moment même. Il précisa que le yoma tué ici n'était pas celui qui terrorisait la cité. Toujours selon lui, il fallait impérativement que toute force possible devait retourner à Nolani. Ils laissèrent là la jeune femme, dans le but de lui éviter un nouvel affrontement, et partirent au plus vite pour Nolani.

Après avoir repris connaissance et ne sachant pas comment sa vie fut épargnée, la demoiselle entama alors son retour vers sa capitale. Le yoma gisait à côté d'elle lorsqu'elle s'était réveillée, et les blessures qu'il comportait signifiaient qu'il avait subi l'assaut d'un de ses groupes.
A son retour, il ne régnait plus qu'une image de désolation, Nolani était devenue un piètre amas de ruines et de morts. Les soldats de la garde avaient tous été écartelés sur la grande place et la population soit massacrée soit dévorée. Un mauvais rêve ? Elle l'espérait de tout cœur. Et pourtant, la douleur au niveau de sa nuque ainsi que l'odeur putride des défunts semblaient bien réelles. Ses craintes l'empêchèrent de vérifier si Azias avait aussi péri, elle s'éloigna au plus de la bourgade. Les souvenirs de la mort de sa mère refirent surface peu après, l'entraînant dans une intense prostration qui s'alimenta d'autant plus de ce nouvel évènement. Hirale tomba à genoux, les joues envahies de larmes, et cria de toutes ses forces, avant que ce traumatisme ne la rende entièrement muette...
C'est sur cette triste note que se termine le passé de Hirale, et que commence son aventure en dehors de son ancien cocon.

Test Rp :
Plusieurs mois passèrent mais n'effacèrent en rien ces hideuses images de désolation des yeux de la survivante, chaque personne laissée derrière était comme gravée dans ses pensées. Une hantise qui ne faisait que s'accroître, à défaut de s'estomper, et ne prendrait certainement que d'ampleur au fil du temps. Les paroles de son maître, encore fraiches dans son esprit, tintaient telles des coups de glas impassibles; le sage combattant avait constamment prôné de ne jamais attaquer les yomas en effectif réduit. Ainsi fut-il contradictoire de voir son apprentie enfreindre cette institution de son gré et sans remords aucuns. En était d'autant plus affligeant et ironique le sort de Nolani, de même indiquant que l'indépendance envers l'Organisation ne peut être qu'illusoire en ces contrées. Le poids d'une telle tragédie accabla la belle de tourments incessants, sans qu'elle ne pût s'en dépêtrer de quelque façon. Qu'importait ce lourd passé, après tout, elle s'était engagée à ne plus jamais côtoyer personne, de peur de devoir encore en pâtir tôt ou tard...
Ce fut aux abords d'une forêt que la "mercenaire" décida de faire une halte. D'abord pour faire l'inventaire de son maigre stock d'équipement, dérisoire effectif comprenant plusieurs morceaux de métal, une épée et une toge de fortune. A ce modique constat s'ajoutait l'absence totale de ration quelle qu'elle soit et une simplette gourde d'eau à moitié vide. Quel triste lot que d'être sûrement armée mais de n'avoir rien comme moyen de subsistance, une nouvelle épreuve à ajouter aux côtés des déboires mentaux de la belle.
Deux bonshommes plus loin sur le sentier l'interrompirent dans son désappointement. Ces derniers étaient occupés à quelque chose que Hirale ne pouvait voir de là où elle se situait, l'un se tenait accroupi et l'autre, debout, semblait surveiller le coin. Tout portait à croire que les activités de ces deux individus n'inspiraient pas confiance, surtout à la demoiselle.

En s'approchant, elle put distinguer un homme trapu et mal habillé, avec sac en bandoulière et objets contondants plaqués contre son torse. Le second, plus gringalet, faisait penser à ces marchands de pacotilles que l'on trouve dans certains quartiers pauvres. Les deux compères ne semblaient pas bien distingués, et encore moins avertis de la présence de la jeune femme, pourtant relativement proche d'eux. Ce qu'elle vit par la suite lui fit froid dans le dos; un yoma gisait à terre, à côté d'un autre cadavre, un homme en armure qui sembla s'être défendu soit contre le démon soit contre les deux simplets. A y réfléchir, ces lascars prirent sans doute avantage des circonstances pour piller les ressources des dépouilles. Ainsi, il n'était pas du ressort de Hirale d'intervenir en quoique ce soit dans ce genre d'affaire, et plus encore si cela permettait d'éviter un affrontement inutile. Ce qui la fit changer d'avis fut le sceau qui figurait sur l'armure de poitrine du soldat, celui de sa propre ville déchue. A cet instant précis, la frénésie qui envahit tout d'un coup la jeune demoiselle fut implacable et ne lui laissa aucune autre alternative que d'aller au devant des ennuis. Sa vive exaltation qu'elle essayait de réfréner en vain avait pour origine ses souvenirs, son passé, sa foi; des sensations que pas même elle ne peut prétendre pouvoir annihiler.

Il fallait dès à présent agir face à cette situation. Elle se mit d'abord en plein milieu du chemin afin d'attirer leur attention puis, s'apercevant que les gredins étaient assez arriérés pour ne pas se rendre compte de sa présence, décala quelques graviers avec son pied. Son signe encore mis à l'échec, et il faut l'avouer un peu excédée d'une telle niaiserie, ses pas se mirent alors en direction des deux brigands. A distance assez proche pour que même une taupe puisse la voir, cette fois-ci le guetteur "marchand" siffla en direction de son collègue. La masse épaisse se leva alors et fixa d'un regard hébété l'arrivante. Les deux hommes semblaient vouloir s'échanger confidences, chose impossible au vu de la situation.
Ce fut alors l'espèce de grosse brute qui annonça d'une voix clair.


Hé ! T'es qui toi ?

La question ne donnait pas réellement envie d'y répondre tant le ton arrogant de l'interlocuteur prêtait avant tout à lui infliger potence. Réponse qui de toute façon n'aurait pas été dans les capacités de la dame, pour cause son très récent mutisme. Le camarade de l'abjecte personnage avait l'air embarrassé de voir ce dernier s'être exprimé de la sorte. Il s'avança un peu pour faire face à Hirale et, sans lui laisser l'occasion de répondre, prononça quelques mots à son tour.

Excusez l'indélicatesse de mon confrère chère demoiselle, mais une tragique affaire s'est déroulée un peu plus tôt, ici même. Nous vous serions reconnaissants si vous pouviez passer votre chemin car je vous assure, il n'y a rien de bien agréable à voir en ce lieu.

L'affaire en question était très aisément visible de là où se tenait la jeune femme, éviter ainsi une vue effroyable du spectacle à celle-ci n'était donc pas le souci du bougre. Non, ce qu'ils voulaient, c'était le champ libre pour finir ce qu'ils avaient commencé. Et insister ne ferait probablement qu'envenimer les circonstances. Sachant cela, mais aussi emplie de colère à la vue de la mort de ce soldat, Hirale resta fixe, empruntant en outre une posture très désinvolte.
Le mastodonte sembla alors furieux de cette réaction et fit un pas en avant, main sur son pommeau. Son compagnon s'avança pour le retenir, puis s'adressa de nouveau à la demoiselle entêtée.


Comme vous pouvez le voir, je crains qu'il est dans votre intérêt de...

Coupé net dans son discours, l'épée de l'humaine avait déjà croisé le fer avec celle du rustre forban, s'étant intercalé juste à temps afin de protéger son marchand de pacotilles. Il n'y avait que peu de solutions à la résolution de ce problème, et elle détestait en arriver là. Une chance que le freluquet ne semble être armé, et mieux encore que son ami ne dégage pas la carrure d'un bon escrimeur. Ainsi, la jeune femme esquiva le coup vertical adverse en inclinant son épaule vers l'arrière puis, le temps d'une inspiration, se déporta avec préciosité sur le flanc gauche de l'assaillant. Du sang serpenta sur la joue de la combattante, une petite quantité provenant de sa tempe droite. La dangereuse action que le quidam faillit porter à son but ne l'avait pourtant pas touchée, lui le pensa dur comme fer après la profusion soudaine d'hémoglobine. Le duelliste s'arrêta alors en plein milieu de la lutte, s'avouant fier et victorieux, le sourire proéminent. Cet arrêt soudain n'eut pas de mal à surprendre son adversaire, "touchée" pensait-il ? Sans qu'il n'ait senti son épée prendre contact avec le crâne de sa prétendue victime ? Quelle absurde déduction de sa part... Quoiqu'il en soit, cette réaction permit à Hirale d'avoir le temps de désarmer l'arrogant personnage en lui sectionnant la main à la base du poignet. Par réflexe de douleur, le piètre combattant n'eut d'autre choix que de plaquer genoux au sol, à la fois confus et furieux de ce retournement de situation. Le vaurien se fit alors transpercer de part en part depuis l'abdomen, un bel apophtegme qu'elle lui avait réservé dès lors que son imprudence le conduisit à souiller un soldat de son ordre. Le sang coula en un mince filet sur l'arme blanche, et le regard impétueux de l'adversaire s'éteignit peu à peu. C'était la première fois pour la jeune guerrière qu'elle prenait la vie à un être quel qu'il soit, mais l'excès de rage bouillonnant ne lui laissa pas le choix, il fallait punir cet affront... Et le jugement fut appliqué.
La belle retira ensuite son arme du corps maintenant dénué d'âme et regarda aux alentours, cherchant l'autre saugrenu personnage. La fuite fut à coup sûr sa seule échappatoire; il ne lui fallut que peu de temps pour le comprendre, à contrario de sa maladroite surveillance de tout à l'heure. Les yeux d'Hirale s'écarquillèrent subitement lorsqu'elle posa de nouveau son regard sur le cadavre du garde. Sa vue avait entièrement faussé ce qu'elle crut voir; l'homme en question n'était pas l'un de ses anciens compagnons, l'emblème ne correspondait pas. Elle n'arrivait pas à croire qu'une simple hallucination l'amena au devant du danger. Devait-elle interpréter cette erreur comme le début de sa déchéance ? Tout devenait flou, ses idées, ses sentiments... Abandonnant son arme à terre, elle prit quelques instants pour chasser ce brouillard intérieur. Des larmes se faufilèrent timidement sur les joues de la belle et formèrent avec le liquide bruni de sa "blessure" salvatrice un amas visqueux et rougeâtre.

C'en fut assez, la guerrière se redressa, ré-empoigna son épée et partit, sans s'occuper des dépouilles gisant au milieu du chemin. La tristesse qui l'avait envahie à cet instant, cela n'était pas quelque chose qu'elle pouvait se permettre, et c'est une chose qui assurément ne lui arrivera plus.
Elle chassa de même ses doutes et prit sur soi de ne plus revivre une telle torpeur, songe qui lui fit un moment perdre la tête. Tout ceci l'amena à penser que de se fixer un but pourrait peut être lui faire retrouver la paix qu'elle avait depuis trop longtemps perdue, évitant ainsi de récidiver ce genre d'algarade. Ce sont sur ces songes que la silhouette ondulée par le soleil couchant disparut à l'horizon, tout devait être à refaire...



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