Test RP : Cléa était à présent en train de courir dans les grandes plaines de l’est de Ragona. Le rendez-vous avait été fixé en milieu de matinée, et le soleil pointait déjà haut dans le ciel. Elle était clairement en retard, et cela la foutait vraiment mal pour sa première chasse à l’éveillé. D’autant plus qu’on l’avait informée que la numéro 3 de l’organisation, Ophélia, en ferait partie. Elle préfèrerait pouvoir bien s’entendre avec les claymore aussi hauts placées, et ce retard n’était pas là pour l’aider. De plus, si il y avait un si haut numéro de la partie, cette chasse n’allait pas être de la rigolade.
C'est ainsi qu'elle aperçut enfin des ruines apparaître à l’horizon. Le point de rendez-vous avait été en effet fixé dans un village fraîchement détruit par les démons qu’elles devaient chasser. Le propension étonnante qu’avaient les claymores à toujours se réunir là où il y a eu un carnage la fit un instant sourire. Mais l’heure n’était pas à ce genre de pensée : elle accéléra l’allure, et se retrouva bientôt devant ce qui semblait avoir été l’entrée du village. Elle s’avança au milieu des bâtisses écroulées, des débris et des corps, puis arriva sur une grande place d’où elle vit non loin, réunies en demi-cercle, trois claymores, dont deux la regardaient et la troisième semblait avoir le regard perdu vers l’horizon, les bras croisés.
« A ba enfin te voilà ! C’est pas comme si ça faisait trois heures qu’on t’attendait ! » lança l’une d’elles
« Huf… huf… excusez-moi… Huf… j’ai eu quelques soucis… huf… en chemin. » répondit elle, les mains sur ses genoux afin de reprendre sa respiration.« Mmmouais. Quel est ton numéro, dis moi ? »« Huf… numéro 42… huf… c’est ma première chasse à l’éveillé. »La deuxième claymore haussa un sourcil et répliqua :
« Une nouvelle en plus ? On aurait mieux fait de ne pas t’attendre dans ce cas là. J’espère que tu ne comptes pas être un boulet du début à la fin ! »Cléa se prépara à répondre à cette remarque lorsque la troisième se retourna enfin et s’approcha en annonçant :
« Bienvenue à toi numéro 42. Maintenant que nous sommes au complet je peux peut-être vous donner les détails de notre mission. »Instantanément, Cléa sût qu’il s’agissait d’Ophélia. Sa présence, son charisme, et surtout une force insoupçonnée cachée derrière son sourire étaient des détails amplement suffisants pour s’en convaincre. Ces mots avaient imposé le respect des deux autres et à présent, toutes trois étaient tournées vers elle, prêtes à écouter.
« Comme vous le savez certainement et comme vous pouvez le constater, nous nous trouvons actuellement dans un village ayant subit une attaque des démons que nous devons chasser. Il y a plusieurs semaines déjà, un éveillé semble avoir rassemblé sous ses ordres une petite armée de Yomas qu’il guide de village en village pour en décimer ses habitants. Il compte apparemment s’approprier la région en réunissant le maximum de Yomas possibles. Les derniers rapports indiquent en effet qu’ils se dirigent, chaotiquement mais sûrement, vers la capitale de la région»Les yeux de Cléa s’agrandirent de terreur à ces paroles.
« Aurions nous affaire à… un abyssal ? » balbutia t’elle.
Une des deux autres claymores ricana, tandis qu’Ophélia répliqua patiemment :
« Non, bien sûr que non. Cet éveillé là a juste réunit tous les Yomas de base qu’il a pu rencontrer afin que leurs chasses à l’homme soit plus efficaces, mais on est loin du cas d’un abyssal. C’est seulement un éveillé classique voulant jouer les petits chefs parmi une bande de bouseux.
Quoiqu’il en soit, notre mission est de tous les exterminer. Une armée n’étant pas difficile à suivre et plutôt lente, nous n’auront aucun mal à les rattraper en partant de ce village. Ne perdons donc pas de temps, et mettons nous en route dès maintenant. »Ce qu’elles firent une fois le discours d’Ophélia achevé. Elles pressèrent le pas, suivant à travers la plaine les traces d’une horde désordonnée. Elles traversèrent champs et collines, passant à côté de quelques bois, que la horde contournait la plupart du temps. Elles passèrent dans plusieurs villages tout aussi dévastés que le premier, mais après le dernier d’entre eux, les traces se firent plus floues. Apparemment, la horde s’était plus ou moins dispersée, et cela rendait les traces impossibles à suivre. Fort heureusement, une des claymores possédait un talent certain à lire le Yoki, et elles purent donc continuer leur route sans plus suivre les traces. Cela les menèrent bientôt à un autre village, mais qui cette fois était intact. En s’approchant, elles virent avec une certaine surprise que tout avait l’air tout a fait normal, et il n’y avait ici aucune trace de la horde.
« Enfin un village épargné! Il faut croire qu’ils n’ont pas trouvé celui-ci. On peut dire que ses habitants ont de la chance qu’ont soit tombé dessus en premier ! » dit joyeusement Cléa.
« En tout cas, ça signifie forcément qu’ils sont tout près » répliqua Ophélia
« vu leurs méthodes éradicatrice de tout ce qui bouge, si ce village a été épargné, c’est qu’ils sont dans le coin, sûrement en train de décimer une autre bourgade. En attendant, allons prévenir ceux-ci de ce qui va bientôt leur arriver si on ne fait rien. »Le naturel et la nonchalance avec lesquelles Ophélia avait prononcé ces paroles firent froid dans le dos à Cléa. Une des autres claymores déclara :
« On pourrait peut-être se cacher dans ce village et attendre les Yomas pour les prendre par surprise. Ils savent certainement qu’ils sont suivis, donc ils se méfieront, mais ils ne penseront sûrement pas que nous les avons devancés. »Elles arrivèrent devant les portes de la ville, où se tenaient deux hommes, chacun équipé d’une épée. Ils ne portaient pas d’uniforme, ce qui laissait à penser que la ville était suffisamment petite pour ne comporter qu’une milice au lieu d'une garde. L’un d’entre eux s’approcha et déclara, le visage radieux :
« Bienvenue à vous, charmantes demoiselles! Le village de Terios est heureux de vous accueillir! Qu’est ce qui vous amène dans ces contrées reculées ? »Cléa se prépara à lui retourner la politesse lorsqu’elle sentit un bruissement dans l’air suivit d'un bruit métallique. Fugitivement, en un éclair, elle vit un bras bouger et une épée onduler, celle d’Ophélia qui faisait face à l’homme. Stupéfaite, Cléa s’arrêta dans son élan, la bouche ouverte, et une seconde plus tard, elle vit horrifiée la tête de l’homme se scinder en deux horizontalement. La partie supérieure de la tête glissa lentement par terre tandis que l’homme n’avait même pas eu le temps de ne plus sourire, et un flot de sang jaillit de la partie inférieure.
« Mais… Mais… Qu’est ce qui t’a pris ??? Pourquoi tu l’as tué ?? » bredouilla Cléa en faisant un pas en arrière et en empoignant son épée. Elle avait entendue des rumeurs concernant Ophélia, mais elle ne pensait pas que sa barbarie s’étendait jusque là ! Elle se tourna ensuite vers les deux autres, et les vit avec surprise dégainer leurs épées, mais sans se tourner vers Ophélia. L’une d’elle lui aboya :
« On voit bien que t’es vraiment une débutante. Si tu ne peut pas utiliser ta détection de Yoki, utilise au moins tes yeux ! »Cléa leva la tête, et vit alors un spectacle d’horreur. L’autre homme à la porte, ainsi que tous les gens du village que l’on pouvait apercevoir de l'endroit où elles se tenaient, commençaient à se transformer. La bouche qui s’élargit, les poils qui tombent, les dents acérées, les yeux jaunes de serpent, les griffes : ce village était en fait peuplé de Yomas !
« Je crois qu’on a touché au but, mesdemoiselles. » entama Ophélia alors qu’elle leur faisait dos
« L’armée de Yomas, sachant qu’elle était suivie, a du massacrer la population de ce village sans le détruire et prendre leur place afin de nous attaquer par surprise. Sur ce… »Ophélia tourna la tête vers elles, son visage éclaboussé de sang se parant d’un large sourire et montrant des yeux fous :
« …je crois qu’il est temps de passer à l’action. »Sur ces mots, elle et les deux autres s’élancèrent au combat. Une grosse boucherie commença alors. Cléa, prise par surprise, dût se défendre contre l’attaque de deux Yomas qu’elle repoussa tant bien que mal. Elle n’avait pas l’habitude d’en affronter autant d’un coup, et bientôt seul son type défensif lui permettait de rester debout malgré la multitude d’assauts. Les trois autres, par contre, faisaient un carnage : un trio d’épée tournoyant dans tous les sens abattaient les Yomas à une vitesse folle. En particulier, Ophélia semblait infatigable, en abattant toujours plus sous le couvert de ses deux consoeurs. Après quelques minutes de bruits, de cris et de violence, le combat fût finalement achevé. Partout dans la place, des corps de Yomas jonchaient le sol dans des mares de sang, et toutes les claymores semblaient s’en être sorties à peu près indemnes. Cléa s’approcha des trois autres, mais n’eut pas le temps de dire quoique ce soit, car un gros bruit de bâtiment qui explose se fit entendre. A quelques dizaines de mètre derrière la place, elle virent une maison s’effondrer, puis un énorme monstre moitié plus grand que la bâtisse en sortir. Celui-ci avait le corps d’une immense mygale sans poils, affublé d’une immonde tête vaguement humaine, dont l’absence de mâchoire inférieure laissait pendre une langue pointue et baveuse. Il n’avait pas une paire d’yeux, mais des multitudes de globes oculaires, tous répartis sur son front. A la place de la paire de pattes avant de l’araignée, elle était dotée d’une paire de bras longs et fins se terminant par des larges griffes ressemblant a des sabres aiguisés. La créature tonna d’une voix rauque mais en même temps stridente :
« Allez y, massacrez ces intruses et ramenez moi leurs têtes, qu’on puisse en continuer la collection ! »Sur ces mots il s’avança, et plusieurs Yomas surgirent des ruelles autour de la place. Tandis que Cléa ne pouvait à peine contenir sa terreur, elle vit Ophélia exulter de plaisir, son sourire se transformant en rictus lui donnant un air dément. Elle empoigna son épée de nouveau, puis s’élança à l’assaut sans préavis.
...
Cléa courait à perdre haleine, tenant son bras ensanglanté qui l’élançait terriblement. Malgré son type défensif, elle avait subit bien trop de blessures pour pouvoir les soigner toutes, et elle était maintenant à bout. Même courir dans cette forêt malgré les racines et les branches qui lui fouettaient le visage était une épreuve dans son état. Quel carnage ça avait été ! Elle avait vu de ses propres yeux Ophélia elle-même se faire piétiner par les Yomas en surnombre, puis l’éveillé tuer successivement l’une puis l’autre des deux claymores qui l’accompagnaient, malgré leur résistance farouche face à la horde de démons, qui était maintenant bien moins qu'une horde. Elle n’avait pu continuer à combattre, et elle avait profité d’un revers de griffe de l’éveillé, qui l’avait sonné et projeté au loin, pour s’éclipser du combat et fuir cette horreur. Elle avait maintenant mis suffisamment de distance entre le village et elle, elle s’arrêta donc pour s’appuyer contre un arbre et reprendre son souffle.
Après quelques minutes, elle entendit clairement un bruit dans les fourrées. Elle se releva brutalement, empoignant son épée, le cœur battant à la chamade. On l’avait suivit jusqu’ici ! Elle espéra de tout son cœur que ce n’était pas l’éveille qui avait retrouvé son chemin, et s’efforça de rester parfaitement immobile. Quelle ne fût pas sa surprise et son soulagement lorsqu’elle vit Ophélia sortir des buissons, les vêtement déchirés et couverts de sang.
« Ophélia ! Tu es vivante ! Quel bonheur ! Mais que s’est il passé ? As-tu fuit toi aussi ? Ou as-tu réussi à vaincre l’éveillé ? »Ophélia, sans se départir de son sourire, avait un regard exorbité étrange. Elle n’avait pas rangé son épée, ce qui lui donnait l’air de sortir tout juste du combat. Elle toisait Cléa d’un air dément, et répliqua :
« Hé oui, je les ait finalement tous eu. Il fallait bien que quelqu’un le fasse vu que tu n’étais plus là, n’est ce pas ? » puis en levant légèrement son épée et avançant d’un pas vers Cléa
« Mais je n’ais pas encore totalement fini le travail. Vois tu, les démons sont des êtres dangereux, c’est pour ça que nous devons les éliminer. Ainsi, quelqu’un dont le rôle est d’éliminer les démons mais qui refuse de le faire au moment opportun est aussi dangereux. Tu comprends ? » elle avança d’encore un pas vers Cléa, qui cette fois recula aussi d’un pas
« il est donc de mon devoir d’éliminer ce genre de personnes. Or, malheureusement pour toi, tu es ce genre de personne. Je ne fais donc que mon travail. »Cléa, terrifiée par ces mots, empoigna son épée à deux mains et répondit :
« Mais… Qu’est ce que tu fais ? Tu es folle, tu ne vas pas m’attaquer ?? Non, pitié Ophélia, je ne pouvais rien faire ! Je n’étais utile à personne, et j’allais probablement me faire tuer si je restais là ! »« tu aurais peut-être du rester là-bas alors, parce que maintenant ta mort est plus que probable, elle est certaine »D’un bond, Ophélia fût sur Cléa. Son épée ondoya, fusa, et Cléa eut à peine le temps de demander pitié une deuxième fois qu’elle ne fût plus qu’un cadavre dont les différents morceaux étaient éparpillés autour de l’arbre.
Enfin calmée, Ophélia nettoya son épée, la remit sur son dos, et reprit sa marche pour sortir de la forêt en sifflotant.