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MessageSujet: Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement]   Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement] Icon_minitimeMer 16 Déc - 18:17

Priorité à Abigail

    En cette belle matinée, Lila entra dans le camps d'entrainement. Sa longue épée glissée dans son dos, de son pas léger et régulier elle foulait cette terre qui lui était si familière. Comme un criminel, elle revenait toujours sur les lieux de son larcin. C'était invariable, toutes les Claymores avaient un lien particulier avec cet endroit. Lien qui se renforçait au lieu de s'effiler à chaque année passée à survivre dans ce bas monde. Les souvenirs liés à cet endroit n'étaient pas tous agréables, c'était certain. Mais pour la plupart des guerrières les miettes qu'elles conservaient dans leurs mémoires du temps passés ici étaient positives. Pour Lila, c'était principalement sa rencontre avec Irène Lame Eclair dont elle gardait le plus fort souvenir. Mais il y avait aussi les coups reçus, l'échec, la tristesse qui imprégnaient pour d'autres comme pour elle ces sombres moments.

    Leurs jeunesses révolues et envolées restaient accrochées à ses pierres et ces bâtiments que Lila caressait de ses doigts blancs. Avec amusement, la jeune femme se demanda quelle sorte de Claymores rencontrerait-elle ici ? Car si une pointe de curiosité avait guidé ses pas jusqu'ici avant de la pousser inéluctablement vers le Siège de l'Organisation, elle redoutait de trouver ici quelque fantôme, d'anciennes soeurs d'armes, des professeurs.

    Passant à côté d'une bâtisse de bois et de pierres grises, Lila poussa un petit soupir de soulagement. Ce vieux dortoir était toujours debout malgré les années écoulées. Un vrai miracle et un grand plaisir de revoir cet endroit tant aimé. Non pas qu'elle considéra cette demeure comme sa propre maison mais plutôt comme l'endroit qu'elle attendait, dont elle se languissait pendant les longues heures d'entrainement. Elle plus que d'autres lui semblait-il. Car si Lila était déjà une guerrière redoutable, elle était aussi une paresseuse notoire. Depuis toujours, la jeune femme adorait regarder le plafond de bois et attendre la fin du monde... ou tout évènement analogue. Aujourd'hui encore, elle aimait s'accorder des heures de sommeil ou de somnolence superflus. Malheureusement, plus elle montait en grade, plus elle était sollicitée. Traques, simples déYomages. La routine ennuyeuse d'une Claymore formée aux combats indifférait Lila qui préférait à ces taches peu gratifiantes la paresse d'antan.

    Une bourrasque balaya les lieux, rosissant les joues pâles de Lila. Celle-ci défit machinalement le ruban noir qui tenait ses cheveux tressés. Le vent les délia et les fit danser autour de son visage. Sentant avec plaisir les centaines de petites caresses balayer ses joues, la Claymore se prit à fermer les yeux et à sourire. Il fallait savoir savourer les petites choses. Comme le repos, et l'absorbante de nourriture. Car aussi incroyable que cela puisse paraître, Lila mangeait plus que la majorité que ses soeurs d'armes. Pas autant que Helen, mais tout de même. Et ce, surtout depuis son semi-Eveille. Avant, elle n'avalait pas plus d'une pomme tous les trois jours. Désormais, elle engloutissait une telle quantité de viande que s'en était alarmant. Quelle Eveillée vorace ferait-elle lorsque son esprit humain l'aurait quitté. Cela arriverait un jour ou l'autre. En espérant que l'une de ses soeurs d'armes ait le temps de lui trancher la tête. Il y avait quelques années, Lila avait décidé de laisser ce pénible labeur à son amie Rita. Mais à présent, la jeune fille préférait ne pas y penser. Quelle drôle de manière qu'avaient les Claymores à espérer la mort!

    Après que Lila en cette heure matinale se fut approcher de l'une des salles d'armes, elle sentie derrière elle une puissante aura. Cela la fit légèrement sursauter. La force astrale de cette Claymore était telle qu'il ne pouvait s'agir d'une guerrière ordinaire. Elle ne pouvait figurer que dans les cinq premières. Où alors était-ce un Eveillé particulièrement doué pour camoufler sa nature ? Lila haussa les épaules. Un combat en des lieux si familiers étaient loin de l'intimider.

    Lila tourna les talons, son regard acier d'une impassibilité terrifiante balaya les alentours. Celle à qui appartenait l'aura était encore trop loin pour être vue et surtout dans de tels lieux où la visibilité était loin d'être optimale. Les rues encore désertes des petites apprenties et des plus âgées, restaient étroites et sinueuses. Lila attendrait patiemment la nouvelle venue.


Dernière édition par Lila le Lun 28 Déc - 1:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement]   Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement] Icon_minitimeSam 26 Déc - 15:26

« Nous ne sommes pas seulement corps, ou seulement esprit ;
Nous sommes corps et esprit tout ensemble. »

    Une lame argentée fendit l'air en un sifflement brusque et sec. La main enserra davantage la garde, le bras se plia, tel une branche de roseau, replaçant ainsi l'épée sacrée dans le dos de sa porteuse, entre ses deux omoplates frêles. La Claymore se redressa avec une lenteur et une grâce bien communes, et sa prestence était telle qu'à cet instant, même les arbres qui l'entouraient, dans cette forêt que la pénombre avalait, semblaient exécuter une révérence sur son chemin, feuilles au vent et branches frémissantes. Ses souliers de métal cliquetaient à chacun de ses pas, tandis que la brise automnale emportait furieusement sa chevelure tissée d'or dans un ballet du diable. Les mèches d'une blondeur quasi irréelle s'entremêlaient les unes aux autres gracieusement, s'amalgamant même avec le paysage qui s'était teinté d'ocre, de rouge, et d'un brun carmélite ravissant, rappelant à tous que la froide saison approchait en ces terres de désolation. Le vent confiait ses murmures au creux de l'oreille des passants, chuchotant de sa voix presqu'inaudible, et la rivière l'accompagnait dans sa basse complainte, ruisselant sur l'herbe sèche et les pierres moussues de son lit. Quelques oiseaux demeuraient encore ici, assaillis par l'air qui se rafraîchissait, et en quête de chaleur, ils venaient se réfugier sous les pauvres toisons des arbres, s'appuyant au plumage duveteux de leurs voisins dans un geste d'ultime solidarité. Décidément, le temps n'était pas de mise pour ces pauvres êtres de constitution faible et chétive, mais pour les guerrières, cela ne représentait aucune forme d'importance quelle qu'elle fût. Le monde aurait pu être en train de disparaître et de se dissoudre que les combattantes, fidèles à leur mission, se seraient tout de même jetées au dehors, à la recherche continuelle des démons, leurs ennemis. Du moins, c'est ce que laissait entendre la légende populaire, ces fameuses rumeurs qui couraient, et que même le froid était bien incapable d'arrêter ...

    Abigaïl, ladite Claymore numéro cinq, quittait ainsi la forêt dénudée par le froid, marchant à l'aveuglette, dans un silence morbide que seuls les battements de son coeur gelé parvenaient à percer. Les yeux fixés sur des pensées lointaines, elle semblait ne rien voir, ne rien entendre, comme protégée de l'affreux monde qui l'entourait par un voile d'ivoire. Chacun de ses membres vigoureux l'emmenait dans un lieu inconnu, sans qu'elle n'en sache rien, guidée par le seul désir de son âme inconsciente qui criait à l'agonie. Elle avait passé de longues heures dans cette forêt aux dehors sombres, à faire aller et venir la lame de son épée au rythme des mélodies de la nature, son regard d'argent scrutant impassiblement les allées d'arbres infinies. L'entraînement lui était devenu primordial après cette année de prostration au sein de l'Organisation, cette année qu'elle n'oublierait pour rien au monde, où elle avait développé un sens incomparable à lire les énergies, mais où, parallèlement, sa propre énergie et sa propre force s'étaient éteintes. Par la suite, les entraînements s'étaient faits de plus en plus répétés, de plus en plus acharnés, et au fur et à mesure qu'elle regagnait force et vitalité, Abigaïl se réjouissait de n'être pas devenue bonne à rien. Non pas qu'elle eût encore le souci d'une fierté ou d'un orgueil quelconque, au contraire, elle recherchait de quoi tirer ne serait-ce qu'une infime satisfaction de son propre être qu'elle estimait par moment plus que méprisable. L'image de cette Claymore qu'elle aimait profondément, agonisant par sa faute, s'éteignant paisiblement pour rejoindre de meilleurs cieux, la hantait sans cesse. Pas un seul instant ne se déroulait sans qu'elle y pensât, sans qu'elle se maudisse et constate la déchéance languissante de ses fonctions. La raison pour laquelle elle se battait encore aujourd'hui au crochet de l'Organisation lui échappait. Elle demeurait lasse, se mouvant au gré de cet organisme malsain, et elle n'osait se questionner sur ce qui motivait ses actions. Alors qu'elle aurait pu agir depuis bien longtemps ... Non, avant d'agir, il lui fallait avant tout comprendre. Comprendre pour mieux décortiquer par la suite chaque pensée, chaque agissement de ses employeurs. Comprendre pour se frayer un chemin, lentement mais sûrement, vers le but ultime qu'elle s'était fixée. Décidément, à force de cogiter intérieurement, Abigaïl en avait la migraine. Trop réfléchir n'était pas bon, elle se devait de faire le vide dans son esprit, du moins pour le moment. En outre, si son esprit avait gagné en vivacité, son corps se traînait mollement derrière. Cet esprit sereinement torturé voulait pousser ce corps bafoué à gravir tout obstacle qui voilait son ambition. Plus le temps passait, et mieux le corps réagissait aux demandes et aux injonctions brutales de l'esprit de la guerrière. Abigaïl s'en satisfaisait grandement ; ce corps abject pourrait peut-être finalement lui être utile, si seulement elle parvenait à ne faire qu'un de ce corps et de cet esprit.

    Les arbres, souverains de la forêt, défilaient lentement de part et d'autre de la Claymore, qui de ce pas morne, se dirigeait vers un point qu'elle-même ne connaissait pas. Seul son inconscient la guidait vers cet endroit inhospitalier. Tandis que la forêt touffue laissait place à un chemin de terre tortueux, la guerrière sembla entrevoir ce lieu baigné de souvenirs où elle se rendait sans réellement le savoir. Etait-ce l'existence d'une mélancolie mystérieuse qui abritait son coeur qui la conduisait là-bas avec autant d'autorité ? Elle n'aurait su le dire ; elle ne se savait pas sentimentaliste dans l'âme. Peut-être au fond n'était-elle pas si inhumaine qu'elle avait voulu s'en convaincre. Cette ribambelle de sentiments, toutes ces émotions qui la traversaient sans qu'elle ne s'en rende compte désormais en témoignaient bien. Sa part humaine dormait sans doute au plus profond de son être, et avec elle, tous les souvenirs de son existence d'antan. Cette existence qu'elle avait chérie et qu'elle aurait tant aimé retrouver, sans pour autant se l'avouer. Et tandis qu'elle marchait, toujours aveugle de ce qui l'entourait, bien qu'il n'y ait plus eu grand chose à admirer sur ce chemin dénudé, elle en vint à se dire que la mélancolie avait quelque chose de bien différent de la tristesse. La mélancolie était une tristesse heureuse. Pourtant, elle était convaincue que ces terres où elle se rendait n'avait jamais rimé avec une forme de bonheur quelconque, au contraire. Elles étaient le vestige du plus terrible malheur qu'elle avait jamais envisagé, d'une dévastation intense, du premier jour de sa vie de guerrière : le premier jour de son enfer.

    Déjà, Abigaïl voyait se dessiner au loin, derrière de hautes mottes de terre, d'anciens baraquements de pierre à la toiture légèrement en pointe, qui s'élevaient avec une telle prestence qu'ils semblaient percer la voûte céleste voilée de nuages. Son visage encadré de mèches d'un blond pur parut s'illuminer, et elle pressa le pas avec une ardeur nouvelle. Lorsqu'elle posa le premier pied en ces lieux, foulant cette terre familière du camp d'entraînement des guerrières, elle sentit ressurgir en elle de nombreux souvenirs qui, enfouis profondément dans sa mémoire, tâchaient de se frayer vainement un chemin à travers son passé. Elle se voyait affrontant d'autres jeunes filles, claymore à la main, avec une rage commune malgré son regard qui semblait s'être éteint. Elle les pourfendait sans difficulté, les mettait à mal, et gagnait leur respect. Elle glissait çà et là avec grâce et souplesse, assénant coup sur coup, bondissant et évitant voluptueusement les assauts ennemis. Déjà, à cette époque, elle possédait une agilité et une capacité qui laissaient les autres combattantes béates. D'un autre côté, elle se voyait avalant sa maigre pitence, une simple bouchée de pomme qu'elle mâchait avec dégoût, assise seule, à quelques mètres de ses comparses qui s'esclaffaient et échangeaient des propos enflammés. Déjà, à cette époque, elle refusait de se fondre dans cette masse dégoulinante de bons sentiments, et préférait s'isoler, se confondre dans une solitude qui l'apaisait. Enfin, elle entrevoyait les guerrières qui se reposaient dans leur dortoir, les yeux clos, la poitrine se soulevant tendrement au rythme de leur respiration, tandis qu'elle, elle passait ses nuits, ces longues nuits, sur le toit du baraquement, à ruminer ses pensées et à songer un avenir meilleur, ses yeux d'argent rivés sur le ciel couvert d'étoiles scintillantes. Déjà, à cette époque, existaient en elle ces revers idéalistes qui lui faisaient passer des nuits blanches. Bien vite, Abigaïl chassa ses maudits souvenirs de son esprit, parcourant d'une démarche lente les vestiges de son passé. Ses yeux se posaient sur tout ce qui se trouvait à sa portée, et sa mémoire la trahissait parfois. Elle déposait ses mains pâles et frêles sur la pierre glacée, sentait le vent brûler ses joues blanches, et enivrée de nostalgie, elle fermait les yeux l'espace de quelques minutes. Lorsqu'elle les rouvrit, son coeur palpitait sous sa poitrine, et se résignant, elle balaya d'un revers de main une mèche de cheveux rebelle qui lui voilait méchamment le regard. Faisait volte-face, elle s'avançait, virevoltante, vers un baraquement reculé. On l'attendait. Sa longue chevelure, lourde de tendresse, dansait tout autour d'elle, telle un voile de satin parcheminé. On l'attendait ...


    « Je savais que tu étais là. Cela fait pas mal de temps que je sens ton énergie en ces lieux. Je suis rassurée ... Je pensais être la seule à m'aventurer dans les méandres de ces hideux souvenirs. »

    La voix de la Claymore s'était élevée à travers les mugissements du vent, claire et limpide comme le cristal, et s'était éteinte dans un détournement rauque. Elle s'était arrêtée à seulement quelques mètres de son interlocutrice, bien en face d'elle, la dévisageant du plus profond de ses iris gris argenté. Bien sûr qu'elle l'avait sentie. Elle l'avait sentie du plus loin ; elle n'était pas devenue l'Oeil de l'Organisation pour rien, après tout ... Elle avait senti cette aura sans se méfier une seule seconde, en connaissance de cause. Il lui était apparu comme évident que cette aura appartenait à une guerrière de sa nature, et cette aura circulait de façon lisse et linéaire, comme si la gerrière en question était en proie à une grande sérénité. Pouvait-il en être autrement ? Car malgré les souvenirs qui éclataient, ils règnaient en ces lieux une quiétude et une magie incomparables ...


Dernière édition par Abigaïl le Ven 16 Avr - 19:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement]   Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement] Icon_minitimeLun 28 Déc - 22:55

    Occupée à regarder les vieilles pierres se couvrir de mousse, Lila ne sentit qu'au dernier moment un fort aura émaner des frontières du camps d'entrainement. Il devait sans nulle doute s'agir d'une Claymore qui comme elle était venue se remémorer avec sensibleries quelques souvenirs enfouis au fond d'elle même. Oui, la jeune femme avait raison, cet endroit était une sirène pour ses anciennes élèves.

    Attendant tranquillement que l'autre vienne la rejoindre, ou fasse un mouvement en sa direction, Lila continua la visite des lieux. Le vent léger qui avait soufflé quelques minutes auparavant s'était apaisé jusqu'à disparaître complètement. Et pourtant, le coeur de la Claymore s'était à nouveau gonflé, comme ressourcé. Son caractère fondamentalement indifférent et anti-passionnel lui semblait soudain aussi plus facile à supporter et une bouffée de l'air froid du matin la fit même sourire. C'était parfait.

    Prévenue à temps par ses sens démoniaques, Lila ne sursauta pas lorsqu'elle entendit les pas cliqueter contre le sol poussiéreux. Un son désagréable et strident que Lila supportait de moins en moins puisqu'il représentait à peut près tout ce qu'elle détestait: les bavardes. Les petites Claymores suffisantes et imbues d'elles-mêmes, et qui pensaient en toute bonne fois qu'une discussion avec elles rendaient tout le monde heureux ou flatté. Lila les trouvait, elle, juste insupportables. Et celle-ci ne semblait pas déroger à la règle avec ses paroles idiotes et prévisible. Avait-elle l'impression d'établir un constat alors inconnu de tous et que Lila répondrait par un amen, les mains jointes ?

    « Je savais que tu étais là. Cela fait pas mal de temps que je sens ton énergie en ces lieux. Je suis rassurée ... Je pensais être la seule à m'aventurer dans les méandres de ces hideux souvenirs. »

    Hideux souvenirs ? Lila les trouvaient plutôt bons. Bien sur, tous n'étaient très agréables, comme la fois où l'une de ses soeurs d'armes l'avait prise par surprise et lui avait aplati, au milieu du crâne, le plat de sa lame (un souvenir autant honteux que douloureux qui lui fit porter ses doigts à ses cheveux à la recherche d'une bosse disparue). Mais en définitive, Lila aimait plutôt cette époque. Un sourire distant et calme sur ses pâles lèvres , elle fit volte face. Elle n'était pas spécialement connue pour être quelqu'un désagréable, au contraire. Elle était plutôt diplomate et tranquille. Et c'est cette image qu'elle préférait donner d'elle plutôt que son esprit fataliste et associable qui peu à peu l'aigrissait, la rendait amère à 25 ans.

    « Moi aussi, je ne suis pas si faible Abigail, je savais que tu approchais. »


    Répliqua Lila avec un grand calme. Un sourire tranquille s'élargit avant de disparaître. Le vent se levait de nouveau et la Claymore laissa ses cheveux danser avec lui, les yeux tournés vers le ciel. Elle avait toujours été suffisamment orgueilleuse pour rappeler sa propre puissance, bien qu'en se moment, elle devait l'avouer, elle ne dépasserait probablement pas cette femme. Ce n'était pas un si gros échec puisque qu'Abigail était d'une grande puissance, mais elle ne comptait pas non plus rester toute sa vie une simple numéro 6. Elle avait soif de savoir et de connaissances mais surtout de puissance. La pure compétition ne l'intéressait pas. Ce qu'elle voulait était le surpassement personnel. Ce que pouvait faire les autres Claymores étaient tout sauf passionnant.

    « Hideux. Les miens, ici, sont bons. »

    Lila sourit comme pour elle-même la tête toujours balayée par ses longues mèches, refusant de regarder son interlocutrice pour profiter encore un peu de l'atmosphère. Elle allait bientôt devoir quitter cet endroit. Elle n'avait rien à y faire, et probablement ne lui pardonnerait-on pas cet écart. Louvre ou un autre viendrait se plaindre de cette visite spontanée. Certes, elle n'avait pas de missions en cours mais elle n'avait aucune raison de s'éloigner de son territoire... enfin aucune raison. Si, bien sur, elle en avait, mais pas pour avoir fait se détour. Elle devait aller parler que Lenneä et de sa petite amie au conseil... une activité qui était loin d'être palpitante mais bon. C'était comme qui dirait son devoir. Et puis cette petite peste l'avait considérablement agacée. La découper en rondelles sous l'ordre des hommes en noirs serait un plaisir. Ou du moins l'espérait-elle, cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas éprouver de vifs sentiments....

    « Oui plutôt agréables. »

    Murmura-t-elle rêveusement. Le visage impassible d'Irène Lame Eclair lui revint à l'esprit. Quelle femme exceptionnelle. Dommage qu'elle soit morte entre les sales pattes de Priscilla. Celle-ci, dès que Lila l'aurait sous la main passerait un mauvais quart d'heure. Quitte à s'Eveiller totalement, elle lui ferait endurer mille tourments avant qu'elle dusse mourir à son tour. Pour avoir tuer son héroïne, celle qui avait fait d'elle une véritable guerrière. Lila chassa ces pensées de son esprit par un mouvement de tête et se retourna vers Abigaïl. Elle était plus jeune qu'elle, mais cela ne sautait pas aux yeux. Tant par leurs apparences que par leurs tempérament. Le visage de Lila s'éclaira souvent et elle lança, à l'autre Claymore quelques mètres plus loin.

    « J'ignore ce qui t'étais désagréable ici, mais puis-je te proposer un entrainement, comme lorsque nous étions enfants ? Je ne me suis jamais mesurée à toi, mais j'aimerai beaucoup, pourtant. »

    Oui, Lila était culotée pour lancer un pareil défi, d'autant qu'elle connaissait la supériorité écrasante des cinq premières Claymores sur leurs simples soeurs d'amres. Mais elle avait envie de voir un vrai professionnelle à l'oeuvre. Profiter ne serait-ce que quelques instants de la dextérité d'une guerrière aguerrie en combat singulier. Mais peut-être que la Sage ne souhaitait pas s'embarquer dans un affrontement qui lui ferait perdre de son précieux temps de loisirs ?

    Lila avait déjà dégainé sa lame dans un mouvement vif et rapide. Le terrain était parfait, froid et sec, ce qui rendait la terre assez solide pour pouvoir utiliser sa technique de rapidité extrême et l'avantageait. Contrairement au sable de désert qui, meuble, la faisait s'enfoncer et la laissait sans appui suffisant pour prendre de la vitesse. Elle connaissait parfaitement les plans de l'endroit quoiqu'il était possible, pour Abigaïl d'en savoir autant. Après tout, elle avait quitté ces lieux plus récemment que Lila...
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MessageSujet: Re: Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement]   Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement] Icon_minitimeVen 16 Avr - 20:45

« L'âme est une épée ;
Le corps n'est qu'un fourreau. »

    Plus Abigaïl posait son regard de métal sur les divers éléments qui l'entouraient, plus elle constatait avec une peine contenue leur tristesse, ainsi que leur désolation. Les baraquements de bois vétuste et grisâtre qui se dressaient çà et là sans la moindre prestance s'alliaient pitoyablement avec la teinte morne et pâle de ce ciel à l'agonie, qui laissait à peine entrevoir son visage derrière une masse duveteuse de nuages sombres, semblables à une nuée de cendres fuligineuses. De la terre ferme sur laquelle elle se tenait debout s'enfuyait un brouillard de poussières brunes, qui entamaient gracieusement une danse effrénée, avec pour compagne la brise glaciale de la saison. Et cette brise semblait souffler toujours avec moins de force, s'éteignant, disparaissant presque par la suite, comme forcée à se taire par une force supérieure de la nature. Le soleil, quant à lui, se montrait à peine, certains de ses rayons transparaissant parfois faiblement à travers les nuages, des rayons malades auréolés d'une pâle lueur blanche de pureté. Et ce décor funeste faisait inlassablement remonter dans l'esprit de la claymore des souvenirs qu'il ne lui dérangerait pas d'oublier, des souvenirs de cette époque infâme où elle n'avait plus jamais été une jeune fille, mais une créature hybride, un monstre véritablement, où elle avait vu s'envoler ses illusions tout comme son innocence, où elle avait fait à jamais une croix sur une humanité dont il ne lui restait qu'une mémoire incertaine. Voilà pourquoi son existence entant que claymore n'était que fatalité à ses yeux. Elle n'avait pas choisi son sort, au fond, c'était peut-être cela qui lui laissait un goût amer. Elle avait cru pouvoir prendre ses propres décisions aussi longtemps qu'elle aurait vécu, par souci d'orgueil sans doute, et là, il était évident qu'elle avait failli. Elle s'était crue plus forte que le destin, mais sa condition la rattrappait de jour en jour, une condition dont elle était devenue l'esclave. Le temps passait, et elle se demandait à chaque fois plus comment trouver la sérénité dans la servitude.

    Elle avait arrêté sa marche à quelques mètres de la claymore inconnue jusque-là, bien face à elle, tout en sachant, après avoir décortiqué son aura, que force était de constater que celle-ci était loin d'être faible. Son aura irradiait, elle était remplie d'une plénitude apaisante, comme si le simple fait de s'être trouvée en ces lieux lui procurait le bien-être. Tandis que l'aura d'Abigaïl, en cet instant-même, remuait d'incertitude. La numéro cinq dut donc admettre que cette claymore qui lui faisait face lui était différente, elle avait certainement connu les mêmes expériences, mais les avait interprêtées d'une autre manière. Elle ne semblait pas le moins du monde écoeurée par le lieu de ses souvenirs d'apprentissage, bien au contraire, elle paraissait y puiser une certaine nostalgie. Lorsqu'elle posa enfin les yeux sur elle, elle crut faire face à une illusion, comme un mirage salvateur dans le désert. Celle-ci se tenait droite, avec une attitude teintée de noblesse, et sa longue chevelure blonde ondulait voluptueusement sous la brise. La sérénité que revêtaient ses traits lui donnait la sculpturale beauté d'une statue de marbre, qui contrastait fermement avec la lueur métallique de ses pupilles d'argent de chasseresse. Quoi qu'il en fût, Abigaïl ne peina pas à la reconnaître. Au fil du temps, entant que soldate, elle avait appris à se remémorer l'identité exacte des dix premières combattantes, celles que l'on qualifiait des plus redoutables. Celle-ci ne dérogeait pas à la règle. Mentalement, la numéro cinq se récita les informations qu'elle savait de cette claymore, la bien connue numéro six, ne la quittant pas ne serait-ce qu'une fraction de seconde des yeux, comme si elle tentait de décrypter le moindre de ses mouvements, la moindre de ses expressions.

    « Hideux ? Les miens ici sont bons ... Oui, plutôt agréables. »

    La voix de Lila la tira hors de ses pensées intérieures. Ainsi donc, les souvenirs qu'elle avait de son apprentissage entant que soldate étaient bons ? Abigaïl s'en était doutée lorsqu'elle avait senti l'étrange linéarité de son aura. Les précédents propos de la numéro six confirmaient également ses supputations. Lila était fondamentalement différente d'elle. Elle faisait partie de ces quelques claymores qui se satisfaisaient de leur condition, ou qui du moins s'en contentaient. A côté de l'éternelle insatisfaction d'Abigaïl, n'était-ce pas la meilleure attitude à avoir lorsque l'on devenait une claymore ? Vivre dans l'unique but d'éradiquer le continent des yomas. Bien évidemment, cela aurait été l'idéal, mais elle ne pouvait réellement s'y résoudre. Par ailleurs, elle ignorait les circonstances qui avaient entraîné Lila à devenir une soldate au crochet de l'Organisation, mais elle pouvait, au vu de son comportement, sans peine tenter de le deviner. Lila ne regrettait nullement son devenir de Claymore ; cela voulait certainement dire qu'elle avait décidé de son plein gré de combattre pour l'Organisation. Abigaïl ignorait ce qu'elle devait en penser. Se réduire soi-même à l'asservissement, décider de faire une croix sur son humanité ... N'était-ce pas incompréhensible ? Chercher à comprendre les agissements d'autrui lui était toujours apparu comme capital, mais cette mauvaise habitude à vouloir comprendre la moindre chose était devenue une tare à sa réflexion.

    « J'ignore ce qui t'était désagréable ici, mais puis-je te proposer un entraînement, comme lorsque nous étions enfants ? Je ne me suis jamais mesurée à toi, mais j'aimerais beaucoup, pourtant. »

    Au premier abord, Abigaïl garda le silence, ne quittant pas Lila de son regard d'argent. Celle-ci ressemblait à toutes les claymores, elle lui ressemblait, à vrai dire, si ce n'était que le blond qu'arborait sa chevelure était nettement plus sombre que le sien. Il fallait l'avouer, physiquement, les soldates étaient grandement semblables ; même couleur de chevelure, même regard d'argent luisant, même teint pâle, presque translucide. Leur carrure seule, ainsi que les traits de leur visage parvenaient à créer une singularité, et encore, les claymores demeuraient en général assez grandes et fluettes. Encore un moyen habile qui les obligeait à se fondre dans cette masse de moutons de panurge créée par l'Organisation : des guerrières jumelles, toutes dévouées à une même entité. L'Organisation, en tirant les ficelles, se tâchait de leur ôter leur identité.

    La numéro cinq réfléchissait à la requête de sa consoeur. Elle n'avait jamais réellement été une combattante, ni une férue de joutes en tout genre, son type défensif le prouvait. Elle se battait uniquement car elle s'y sentait obligée, car se battre consistait en l'un de ses devoirs entant que soldate. Cependant, elle le faisait à contre coeur, désormais, elle se battait machinalement et traquait les yomas sans passion ni engouement. Elle n'avait plus la ferveur de ses débuts, la lassitude, l'amertume l'avaient rattrapée. En outre, elle avait des doutes quant aux actuelles capacités de son corps suite à son isolement, comme si son énergie passée lui avait été sournoisement dérobée par le temps, ce cruel ennemi qui ne lui avait laissé aucun répit durant un an, une longue année dont elle avait souffert. A bien y songer, par ailleurs, elle ne se souvenait pas avoir jamais ressenti le moindre plaisir au cours d'une bataille. Certes, elle était habile, disposait d'une souplesse féline, et n'avait aucun mal à terrasser ses ennemis, mais elle persistait à voir dans un combat une manière primitive de se servir d'un corps humain. En contre partie, la force physique lui avait toujours fait cruellement défaut, et ses employeurs l'assignaient en général à des missions d'observation, vantant ses qualités de lecture du yoki, ainsi qu'à des missions d'infiltration. En effet, à côté de son impressionnant potentiel défensif, les qualités offensives demeuraient moindres. Elle se battait d'une manière bien caractéristique, elle demeurait toujours posée, exécutant chaque geste avec un calme insolent, et ces gestes semblaient tous longuement réfléchis, comme si elle prévoyait à l'avance la moindre de ses actions.

    Lila ne lui laissa pas le loisir de répondre à sa question en dégainant sa claymore. A première vue, Abigaïl n'avait pas le choix, et après tout, rien ne lui coûtait d'accepter le défi lancé par sa soeur d'arme. Quel était son point fort, déjà ? En la voyant dégainer son arme ainsi, elle s'en rappela. La numéro six était dotée d'une vitesse extraordinaire, si extraordinaire qu'on la nommait "L'Insaisissable". Pour oser porter un tel surnom derrière elle, sa vitesse, arrivée à son paroxysme, devait être telle qu'Abigaïl n'osait en imaginer toute l'ampleur. Bien, elle aurait enfin l'occasion de juger les capacités de ladite Insaisissable. Cette joute courtoise lui permettrait également de réaliser où se trouvaient dorénavant les limites de son propre corps, un corps qui n'avait guère de réelles limites auparavant. Pour la première fois dans sa vie de soldate, elle comptait bien profiter d'un combat.

    « Fort bien, Lila, je relève ton défi. Après tout, je ne vois aucune raison qui me pousserait à rejeter une telle demande. »

    A ces mots, la guerrière s'empara du manche de son épée, et dégaina l'arme à son tour, le bras parfaitement tendu et la main serrée avec fermeté, dans une attitude à la fois humble et ancrée de détermination. Sondant avec attention l'aura de son adversaire, elle comprit enfin d'où venait l'étrange impression qu'elle avait ressenti lorsque cette aura lui était apparue. Ce yoki explosif semblait différent de celui d'une simple claymore. A première vue, il était plus similaire au yoki que dégageait un être éveillé. Un yoki d'une telle puissance ... Le combat s'annonçait réellement intéressant, enrichissant au possible.

    « En garde ! »
    Articula-t-elle, comme pour annoncer le début du combat, tandis que le vent faisait tourbillonner sa longue chevelure tissée d'or.

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MessageSujet: Re: Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement]   Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement] Icon_minitimeSam 17 Avr - 14:02

    Abigail acceptait le défi. D'un geste ample, précis, presque calculé, elle tira son arme de son dos. Avec grâce, la jeune femme se mit en garde, invitant son adversaire à en faire autant. Posément, Lila lui obéit. Ses deux mains sur sa claymore, elle fixait son adversaire. Se concentrant, elle tenta de sonder ce yoki mais finit par y renoncer. Son type, offensif, ne lui permettait que des analyses superficielles et inutiles. La concentration qu'elle employait pour être efficace était ridicule. Elle préférait largement faire confiance à ses yeux argents, dont la précision égalait celle de sa lame. Certes, les semi-démones avaient une vue bien plus performante que celle des humains, et tels des oiseaux de proie, elles repéraient leur cible située à une forte distance d'elles. Mais finalement, Pour des créatures chassant des monstres dégageant un aura aussi âcre et reconnaissable que le yoki, cette vue n'était qu'un bonus. Surtout pour les défensives.

    Dans le cas de Lila, il en était tout autrement. Outre sa vitesse, la jeune fille avait l'habitude d'observer, non pas avec ses sens extraordinaires, mais avec sa vue. Celle-ci était plus puissante que chez les autres Claymores. Peut-être, alors qu'elle était encore enfant, avait-elle des yeux plus précis que la moyenne ? Ou le yoma dont elle avait absorbé la chair était particulière habile ? Peu importait, le résultat était là. Et cela avait finit par lui donner un avantage. Elle n'avait plus besoin de sonder le yoki qu'en des cas spéciaux.

    Mais oublions ces questions techniques ennuyeuses et revenons à la scène présente. Lila, plus massive qu'Abigail, attaqua la première. Bien sur, raisonnable et réfléchie, elle ne comptait pas puiser dans ses pouvoirs yomas au delà de 10%. Depuis qu'elle avait frôlé l'Eveil, elle craignait, il fallait l'avouer, de se transformer totalement en monstre. Certes, elle ne verrait probablement pas le changement. Elle était aussi sensible qu'un bloc de glace et possédait déjà une intelligence aussi froide que calculatrice. Mais le fait de manger des entrailles qui étaient peut-être celles des gosses de sa propre soeur... très peu pour elle. Le peu qui lui restait de sa précédente vie (si elle en avait eu une) était trop précieux.

    Aussi, Lila ne chargeant pas ses jambes avec une énergie démoniaque ne pouvait pas utiliser la vitesse qui faisait son nom. Disparaitre totalement d'un combat, voir les mouvement de ses pieds atteindre une fréquence plus forte que celle d'un rayonnement lumineux... Non cela lui serait impossible. De toutes façons, Abigail était une défensive. En se concentrant, elle pourrait prévoir la trajectoire de Lila. Cette technique ne serait payante, avec une telle adversaire que poussée à plus de 30%. Et cela, la guerrière voulait l'éviter.

    Cependant, lorsqu'une aussi prestigieuse guerrière, portant le titre d'Oeil de l'Organisation, acceptait une joute, il était fort impoli de ne même pas déployer une once de ses pouvoirs. Lila avait l'intention de lui faire plaisir. Si on l'appelait l'Insaisissable, ce n'était pas pour rien.

    D'un coups, Lila se précipita. Ses cuisses se détendirent si rapidement qu'elle fut sur Abigail en un rien de temps. Une fraction de seconde à peine. L'adrénaline qui coulait dans ses veines rendait ses coups puissants mais son contrôle d'elle-même et son sang froid, paradoxale, certes, dirigeaient ses mouvements. Elle ne visait pas les points vitaux! Elle n'était pas assez barbare pour mettre en danger cette femme. Mais d'un mouvement vif et aussi précis d'une aiguille dans les mains d'une couturière, elle darda de son épée l'épaule d'Abigail avant de replacer son épée plus près d'elle, juste devant, pour se protéger.

    Lila était une offensive, mais elle n'était pas assez stupide pour rester sans défense très longtemps. Et alors que ses muscles se bandaient, les traits de son visage demeuraient parfaitement neutres. Comme s'il c'était agis d'un masque blafard, ou fantomatique, ses grands yeux d'argents exprimaient une indifférence froide. Battre Abigail lui était égal après tout. Elle avait juste eu envie de la tester. De voir, par curiosité peut-être, mais elle n'en était pas sûre, ce que valait un numéro 5.

    Elle n'allait pas être déçue! Probablement s'en tirait-elle avec de tristes blessures, mais au moins visualiserait-elle mieux le niveau qu'elle devait atteindre pour faire partie du top cinq. Oui, elle voulait en faire partie. C'était le but qu'elle s'était bêtement fixé, puisqu'elle n'en voyait pas d'autre. Tuer des yomas ou des Eveillés pour protéger l'Humanité ? Très peu pour elle. Elle n'avait aucune pitié pour ces crétins d'humains qui avaient peur d'elle. Terrifiés par sa venue dans leurs villages alors qu'elle venait les sauver. Leur bêtise était si grande qu'ils ne valaient pas la peine, aux yeux de Lila, d'être protégés. Alors, non, contrairement à certaines, la jeune femme n'était pas altruiste. Lorsqu'elle était devenue ce qu'elle était aujourd'hui, ses parents étaient en vie, sa soeur et son frère se portaient bien. Tout se passait parfaitement. Alors elle ne cultivait pas de haine particulière envers les démons.

    Elle les tuait, c'était son travail. Mais cela s'arrêtait là. Lila n'avait rien de personnel contre eux. Abigail en avait-elle ? Vu cet air lascif, elle aussi ne devait pas avoir de but précis.
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MessageSujet: Re: Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement]   Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement] Icon_minitimeDim 18 Avr - 19:03

« Celui qui combat peut perdre ;
Mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. »

    Dans l'esprit de la soldate qui portait le numéro cinq, le principe même du combat demeurait morne, dénué du moindre intérêt, peut-être même un tantinet déplaisant. Cependant, elle n'appliquait pas ce jugement sévère et carré à tout type de joutes, bien au contraire, elle savait faire la part des choses, dissocier les batailles opposant une claymore à de simples démons, à un être éveillé, ou une bataille mesurant la force propre de deux soeurs d'armes de la même race. Car si les combats qui consistaient à abattre des yomas s'avéraient ennuyeux et monotones au possible, défier un être éveillé se montrait d'ores et déjà une tâche hautement plus intéressante. D'après son expérience de guerrière, elle savait avec certitude que les démons mineurs étaient dotés d'une capacité de réflexion dérisoire, si ce n'était primitive, et chacun de leurs assauts demeurait prévisible, des assauts que l'on parait avec une simplicité enfantine, encore fallut-il que ces ennemis en pâte à sel fussent capables de donner l'assaut à proprement parler, généralement coupés dans leur élan par la rapidité transcendante des guerrières aux yeux d'argent qui leur faisaient face, méprisantes, cyniques, parfois même hautaines dans leur aisance ostensible. Les êtres éveillés, en revanche, se révélaient être des adversaires redoutables. Intelligents, réfléchis, ils usaient de leur esprit stratège et de leurs capacités exceptionnelles avec une malice et une habileté sans cesse renouvelées. Chaque guerrière ressortait de ce genre de combat grandie, bien plus aguerrie qu'auparavant, plus méfiante sans doute, et elles gardaient des séquelles physiques, parfois même des cicatrices qui demeureraient intactes, témoignagnes saisissants de la virulence de l'affrontement. Si ces joutes permettaient aux soldates de gagner de l'expérience et du caractère, il arrivait malheureusement que certaines combattantes y perdent la vie, souvent par manque de prudence ou par impulsivité ; le danger était tel que chaque groupe de claymores destiné à combattre un être éveillé se faisait systématiquement encadré par un chef d'équipe, une claymore expérimentée, la plupart du temps faisant partie des dix premières. En contre partie, les combats d'entraînement entre consoeurs ne représentaient aucun danger quel qu'il fût, et ils étaient généralement les plus plaisants, puisqu'ils permettaient de mesurer la force et les techniques d'une collègue sans la moindre once d'agressivité. Quoique, à bien y songer, Abigaïl avait entendu parler de guerrières psychopathes qui ne se gênaient nullement pour prendre la vie de leurs soeurs d'armes, ou même d'humains. Généralement, ce type de guerrières était grandement craint, et c'était d'ailleurs pour cette raison qu'elles parvenaient sans peine à passer au travers des mailles du filet. Voilà la raison pour laquelle elle ne pouvait véritablement accorder sa confiance à personne.

    Un silence lourd s'était installé entre les deux guerrières, comme le glas qui tintait de façon sinistre avant une bataille, envisageant d'ores et déjà son déroulement. Le silence qui précédait le choc des épées, Abigaïl ne le connaissait que trop bien. Lorsqu'elle dégainait son épée, se préparant à se lancer dans une mêlée violente et bestiale, il lui semblait parfois entendre au creux de ses oreilles une mélopée lugubre dont les notes rauques s'entremêlaient gravement les unes aux autres, réveillée par les cris stridents d'un violon agonisant, adoucie en même temps par les clapotis d'un piano à la voix doucereuse. On n'entendait guère plus les craquements des barraquements de bois sous l'intensité de la brise qui soufflait ; le vent semblait également s'être tu, comme par respect pour les claymores qui étaient en passe de s'affronter. La paix avant la guerre. Abigaïl interprètait ainsi les caprices des éléments qui l'entouraient en ce moment même, profitant de la quiétude des lieux, de la sérénité qui avait prôné sur la tristesse qui règnait encore ici il y avait quelques minutes, malgré le fait qu'elle enserrait déjà contre la paume de sa main droite le manche lisse et glacé de cette arme inaltérable, dont le métal argenté renvoyait docilement les lueurs de l'astre scintillant. A ses précédentes paroles, la numéro six s'était mise en garde, déterminée à lui tenir tête, ou du moins à la tester, puisque ce combat semblait plus destiné à assouvir la curiosité de celle-ci qu'à lui servir un réel entraînement. Abigaïl, quant à elle, ne cillait pas, demeurait dans une immobilité parfaite, le dos droit, les genoux très légèrement fléchis, parée à encaisser le premier coup de son adversaire. En effet, son premier coup serait décisif, il lui permettrait de se rendre compte des talents de Lila. Elle se fiait souvent à la première impression lors d'un combat, même si elle n'était jamais fermée à de bonnes ou de mauvaises surprises. Quoi qu'il en fût, elle comptait bien garder à l'oeil l'aura de sa consoeur. L'Oeil de l'Organisation se devait de toujours se fier à sa lecture parfaite des énergies, quoi qu'il arrivât.

    Avec une vitesse qui dépassait tout entendement, Lila traversa la distance qui séparait leurs deux corps. Une telle rapidité était impressionnante, surtout lorsqu'elle se rendait compte qu'elle n'utilisait qu'une infime partie de son énergie démoniaque. Arrivée à son apogée, la technique de la numéro six devait être réellement monstrueuse ... Abigaïl s'était, certes, attendue à ce que son adversaire fût rapide, mais elle ne pouvait nier l'excellente surprise que lui avait réservée la soldate qui lui faisait face. Fort heureusement, sa lecture limpide de l'aura lui permit de suivre la trajectoire de Lila sans davantage se laisser surprendre. Celle-ci, toujours avec cette vélocité qui lui était propre, visa de la pointe de son épée l'épaule de la numéro cinq. N'ayant guère le temps de trop réfléchir et réagissant au quart de tour --avec une telle adversaire, il n'aurait pu en être autrement, Abigaïl exécuta une souple rotation du poignet, et réussit tout juste à parer le coup d'assaut de l'Insaisissable, qui se posta immédiatement en position de défense. La numéro cinq n'avait nul doute quant à l'expérience de sa soeur d'armes, au vu de son attitude en situation de combat. Prenant appui sur ses deux pieds, elle effectua un gracieux bond en arrière de quelques mètres. Plus elle serait proche de Lila, moins il lui serait aisé de prévoir ses coups, elle en était consciente. Le yoki de son adversaire s'était légèrement affolé, cela était sûrement dû à l'effervescence du combat, et contrastait avec le sien qui demeurait linéaire en toute situation, comme si elle gardait ce calme olympien qui la caractérisait quels que furent les assauts dirigés vers elle.

    Malgré le fait qu'elle demeurât calme, Abigaïl devait bien avouer que le potentiel latent de Lila était considérable. Elle était digne de son numéro et de son type offensif. Admirable, vraiment admirable ... Alors qu'elle déposait sa seconde main sur le manche de son épée, se préparant à la suite du combat, une ébauche de sourire presque imperceptible vint frôler ses lèvres. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas croisé le fer avec une claymore de talent.

    Au fur et à mesure que le combat se poursuivait, la numéro cinq sentait son corps se dérouiller, comme s'il reprenait vie après une longue léthargie douloureuse. Elle parait les coups de son adversaire, aussi rapides furent-ils, avec une certaine aisance de prime abord, bien qu'elle concentrât de nombreux efforts afin de ne pas se laisser rattrapper. Elle savait les limites de ses capacités physiques, la vitesse n'était pas l'un de ses points forts, et elle se doutait pertinemment qu'elle ne pourrait continuer à parer aussi simplement les coups reçus très longtemps. La vitesse finirait bien par lui manquer à un moment ou à un autre. Bercée par le cliquetis des épées qui s'entrechoquaient, créant un amas d'étincelles rougeâtres, Abigaïl enserra davantage ses mains sur le manche de sa claymore, étudiant l'énergie de Lila. Il lui fallait prévoir son prochain coup, coûte que coûte, l'anticiper pour le contrer plus solidement qu'auparavant. Lorsqu'elle fut sûre d'elle, elle réunit le plus de force possible dans son prochain coup, et stoppa le futur assaut de son adversaire au centre parfait de sa trajectoire, faisant crisser les épées l'une contre l'autre pendant un moment. Enfin, tournant cet instant mort à son avantage, elle retrouva quelque peu de vigueur, assénant un coup oblique de la lame de son épée de l'épaule à la hanche de la numéro six.

    Par ailleurs, elle avait remarqué le soin qu'avait porté Lila à ne jamais attaquer les centres vitaux de son anatomie. Tant de sollicitude lui faisait ressentir une tendre indifférence teintée de cynisme. Et si Lila ne laissait transparaître aucune émotion, Abigaïl agissait à l'identique, toujours affublée d'un regard froid et d'un visage de poupée de porcelaine.
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MessageSujet: b   Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement] Icon_minitimeVen 23 Avr - 19:13

    Le silence s'était rompu, et les bruits de pas sur les pierres anarchiques des ruelles cédèrent leur place aux vociférations du métal. En soit, ce n'était une musique laide, lorsqu'on savait l'écouter, cependant, pour une ouïe normale, cela devait être à peine audible. Et pourtant, quel spectacle!

    Lila voyait tout ses mouvement bloqués par Abigail. L'aisance avec laquelle elle parait et anticipait était effrayante, car il sembla bientôt à l'offensive qu'il lui serait impossible de ne jamais la toucher. Chacun de ses coups même donnés avec une rapidité effrénée étaient contrés. Impossible, de plus de savoir si l'adversaire avait un quelconque mal, encore si elle s'essoufflait. Elle restait de marbre. Aucun tique, aucune perle de sueur ne venait abîmer ce visage éclatant de calme et de sérénité. Dans le fond de ses yeux argents qui terrorisaient tant les hommes brillait un once de placidité. Comme si elle ne mettait aucune volonté dans ce combat! Comme si cela lui était naturel!

    Etait-elle née avec une Claymore dans les mains ? Elle était si puissante! Même en commençant son apprentissage à dix ans, Lila n'avait jamais atteint une telle maitrise de ses mouvements. Pourrait-elle y parvenir ou était-ce trop tard? Peut-être ? Un coups sec et puissant, grincement apocalyptique de l'acier contre un autre et les armes s'entrechoquèrent. Lila était bloquée, elle sentait la pression du corps d'Abigail pile sur le barycentre de sa lame. Si elle reculait, elle serait complètement déséquilibrée et il lui était absolument impossible d'avancer. Heureusement, la jeune femme n'était pas si forte que cela, et les muscles de Lila tinrent bon jusque ce que l'assaillante tente un autre coup.

    L'attaque fut aussi précise que brève en défaveur de Lila dont les biceps avaient pâti de sa position ankylosée pendant l'échange précédent. Mais ses jambes fonctionnaient encore parfaitement. Elle pivota en appui sur son pied gauche. La partie droite de son corps se retrouva donc en retrait par rapport au coup d'Abigail. Mais au lieu de lui laisser le loisir de se redresser, Lila abattit sa claymore, d'un mouvement souple et sec du poignet contre la lame de son adversaire pour la bloquer sur le sol. Presque simultanément, alors que ses deux mains se joignirent sur la garde de l'arme pour résister à la force de la jeune femme, Lila leva sa jambe gauche, et envoya un coups de pied en plein sur le nez d'Abigail. Après quoi, vive et rapide, elle se recula et se remit en garde.

    Les coups au corps à corps n'étaient pas une spécialité dans l'Organisation et entrainaient, lorsqu'ils étaient mal utilisés, quelques mutilations gênantes. Surtout contre les Eveillés qui ne se contentaient généralement pas de combattre armés d'une épée. Les coups en traitres étaient pires que tout et malheureusement forts rependus dans leurs rangs. La seule défense et la seule arme des sorcières aux yeux d'argents étaient bel et bien leurs claymores. Sauf en combat singulier entre soeurs d'armes, où la probabilité qu'un pieu leur sorte brusquement de la poitrine était quand même assez réduite.

    Lila regarda Abigail et eut soudain la vision d'un ancien temps, révolu à présent, où elle combattait ici-même des autres enfants à demi yomas. Est-ce que certaines étaient encore vivantes à part elle ? D'autant qu'elle était assez vieille finalement. Presque 25 ans! Bientôt la retraite dans un autre monde car il était rare de rencontrer des Claymores de plus de trente ans... Dans le voisinage un corbeau s'envola.

    Lila se tint prête à contrer une attaque de la part d'Abigail. Son rythme cardiaque s'était accéléré depuis le début du combat et sa respiration était plus rapide, plus sourde aussi. Mais c'était un bel échange qui en valait la peine. Et la fatigue n'étant pas, ou peu présente, Lila n'avait pas encore besoin de faire appel à son pouvoir démoniaque. Pourvu que cela dure! C'était si agréable de se sentir forte et de se voir résister aux assauts d'une guerrière mieux classée qu'elle. Certes, elle voyait bien que ses coups étaient faibles comparés aux siens, mais c'était trop beau pour ne pas durer. A côté d'un combat avec un Eveillé où l'unique but était le tronçonner en fines rondelles son adversaire, où le sang giclait sans cesse sans beauté du geste, ce duel était un joyaux d'adresse. Et elle ne pouvait que se sentir honorée d'en faire partie.
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MessageSujet: Re: Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement]   Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement] Icon_minitimeVen 14 Mai - 21:08

« Seul le courage est dans le coeur des guerriers. »


    La mélodie des lames qui se rejoignaient, s'entrelaçaient, se percutaient violemment dans une ardeur indicible vrillaient les tympans des deux combattantes à la blonde chevelure et au vif regard d'argent qui se compensaient l'une comme l'autre dans leur effort. Le son sec de leurs pas sur le sol de terre meuble, saccadé, rapide, avait la précision irréelle d'un métronome, battant la mesure avec toujours plus de force, toujours plus de vélocité. On pouvait presque entendre, avec un tantinet de concentration et d'attention, les muscles se contracter sous les puissants coups portés avec adresse. Le tranchant de leur lame fendait l'air, pourfendait la brise dans un sifflement sourd, semblable, avec un peu d'imagination, au cri impérieux d'un faucon pélerin ou d'un aigle royal, se hissant vaillamment vers les cieux azurés en quelques battements de leurs ailes majestueuses. De surcroît, les deux claymores, dans leur joute effreinée, dressaient un fort beau tableau visuel. Embarquées toutes deux dans un tourbillon impétueux, dû aux allers-retours de leurs assauts, leurs chevelures irisées aux différents tons de blond formaient un voile de velours flottant de part et d'autre de leur corps frêle, et apportaient à la scène une ambiance mystique, voire même belle d'une certaine candeur. Aucun élément extérieur ne venait perturber cet échange cordial ; aucun bruit, aucun mouvement. Le silence le plus total, un silence douloureux, un silence de cathédrale que même le bruissement presque imperceptible d'une feuille de saule ne venait briser. Comme si les éléments s'étaient accordés à demeurer muets, à observer le spectacle éblouissant de ces deux guerrières aguerries, bercées par la lumière éclatante que renvoyaient les lames de métal inaltérable de leurs armes. Le décor, ces lieux abandonnés et chargés de souvenirs, agréables pour certaines, douloureux pour d'autres, demeurait inlassablement triste, sous ce ciel de grisaille et ce froid hivernal. Pourtant, lorsque le combat avait démarré, l'endroit semblait s'être illuminé subitement, tel le phoenix qui renaît miraculeusement de ses cendres, comme sous l'impulsion de la nostalgie de ce genre de joutes dont l'unique but était l'entraînement, où le seul objectif était de mesurer la force de son adversaire. Oui, les lieux retrouvaient leur gaieté d'antan, ils renaissaient véritablement, et ce en même temps qu'Abigaïl, qui paraissait redécouvrir la vitalité de son corps et l'action de ses muscles lorsqu'elle brandissait sa claymore.

    Oui, la symphonie du fracas des lames, le mutisme soudain du décor, les sensations de liberté dues à l'effort ... Abigaïl connaissait cela par coeur. Les combats n'avaient plus de secret pour elle. Ils étaient devenus sa raison de vivre, ni plus, ni moins. Non pas qu'elle désirât combattre des monstres à la peau grisâtre afin de vivre, mais cela était son devoir, c'était pour cette unique raison qu'elle avait été créée. Et bien qu'elle eût un immense sens du devoir, les combats avaient fini par la lasser. L'existence de Claymore avait beau paraître baignée d'excitation, elle avait fini par ennuyer la numéro cinq. La monotonie du quotidien ne lui seyait guère, ce train-train bien rangé de guerrière à la solde de l'Organisation, ce rôle qu'elle jouait sans cesse, ce masque qu'elle revêtait, tout cela était devenu contre son gré une part d'elle-même. Une part d'elle-même qu'elle exècrait un peu plus chaque jour. Ainsi donc, un combat ne parvenait plus à lui soutirer la moindre émotion, aussi infime fût-elle. Elle demeurait de marbre, telle une danseuse étoile qui aurait répété à l'infini la même chorégraphie et qui, désormais, la connaissait sur le bout des doigts, et effectuait ses mouvements, précis, calculés, plein de grâce, avec une profonde lassitude, avec des gestes d'automate. En effet, l'art de la guerre, elle le connaissait bien plus qu'elle n'aurait imaginé le connaître un jour. Son visage semblait profondément fermé. Caressée par les rayons blafards du soleil, la peau d'ores et déjà très pâle devenait translucide, si ce n'était transparente. Les lèvres, telles deux pétales de fleur d'un rose tirant vers le vermillon, demeuraient statiques, comme scellées. Son regard d'argent métallique ne trahissait aucun bouleversement émotionnel, pas même un tressaillement, rien. Le néant absolu, un vide apocalyptique, comme si la jeune femme s'était fermée au monde extérieur. Non, décidément, elle ne mettait pas réellement du coeur dans ce combat, comme dans tous les combats qu'elle menait, d'ailleurs. Si la décision n'avait tenu qu'à elle, elle aurait décliné cette proposition, se serait plongée de nouveau dans sa rêverie solitaire, dans ses souvenirs mièvres, et aurait poursuivi sa route lassement. Mais, en acceptant, elle ne gagnait ni ne perdait quoi que ce fût. Peut-être accordait-elle en un sens une faveur à sa consoeur, elle l'ignorait et peu lui importait. Le fait était qu'elle se sentait comme désabusée. Où donc avaient pu s'envoler la ferveur de sa jeunesse, sa passion et son engouement ? Ou peut-être avait-elle toujours été dans cet état d'esprit morne ? Certainement. Assurément, même. A vrai dire, elle n'avait jamais réellement été très attachée à son rôle de guerrière aux yeux d'argent, aussi bien qu'elle s'en souvenait aujourd'hui.

    Le corps d'Abigaïl tenait à merveille le rythme saccadé et allant du combat. Elle le contrôlait parfaitement. Jamais il ne s'essoufflait, sa respiration ne se coupait guère, et les battements de son coeur s'étaient à peine accentués. Comme si ce corps fourbu s'accordait aux pensées de sa détentrice, comme si le corps se montrait aussi las que celle qui le possédait. Ses membres semblaient s'assouplir au fur et à mesure, elle gagnait en assurance et en dextérité, en souplesse également. Le sol meuble sous ses pieds lui fournissaient des appuis solides, l'air qui l'entourait était frais, sans être humide, et le soleil se faisait timide. Des conditions idéales. Décryptant sans peine aucune le yoki de son adversaire, elle bloqua l'un de ses assauts avec une précision inouïe. Des étincelles rougeoyantes s'échappèrent de la friction des deux lames l'une contre l'autre, et qui, ainsi, produisait un grincement tonitruant à briser les tympans. Douce cacophonie du métal qui vient soudainement égayer une bataille. Sa consoeur soutint vaillamment son coup, sans sourciller. Et lorsqu'Abigaïl se décida à lancer un second assaut, vif et plus puissant cette fois-ci, Lila l'évita en une juste rotation, et fut celle qui bloqua le coup de son adversaire à son tour. Son énergie se stabilisa en l'espace de quelques secondes, tandis que sa lame provoquait une résistance fabuleuse contre celle de la numéro cinq, qui, le buste légèrement incliné vers l'avant sous l'impulsion du coup, s'était brutalement raidie. Puis, son énergie grouilla de nouveau, elle allait tenter quelque chose. Elle sentit avec précision son pied se diriger vers son visage. Elle le visualisait parfaitement avant même qu'elle ne l'ait atteint, comme si le temps s'était tout d'un coup gelé. En un temps très bref, elle fixa ses mollets au sol, et fit basculer son corps en arrière. Le pied de la numéro six passa à quelques centimètres de son visage, elle sentit un souffle, comme une lame d'air, lui caresser l'épiderme, tandis que des mèches de cheveux tissées d'or voletaient voluptueusement autour d'elle, emportées dans la bourrasque de son mouvement. Lorsqu'elle se redressa, avec souplesse et droiture, son adversaire, qui avait pris soin de préserver une distance entre leurs deux corps vigoureux, s'était mise derechef en garde, professionnalisme oblige. Abigaïl la sonda du regard quelques secondes, puis se relança dans la mêlée, toute aussi imperturbable qu'à l'accoutumé. Prenant de l'élan, elle accéléra le mouvement, le manche de son arme fermement enserré dans sa main droite. L'écart qui séparait les deux guerrières se rétrécit en un instant volatil. Dans sa course, se hissant à peine vers l'avant, la Sage mesura l'endroit exact où elle allait lancer son prochain assaut. La lame de sa claymore se trouvant au niveau de son omoplate gauche, elle ramena l'épée vers elle avec plus de force pour viser la hanche de la combattante adverse, dans un mouvement toujours aussi précis, sans pour autant ralentir.

    Chaque flux de yoki dégagé par Lila lui parvenait avec clarté. Ainsi, elle lisait en elle comme dans un livre ouvert, devinait ses actions, ressentait ses émotions. L'énergie démoniaque était l'âme même des guerrières appelées Claymores, elle les différenciait des simples humains. La lecture de cette énergie, qu'Abigaïl avait développée durant son exercice parmi les guerrières, lui avait permis de demeurer un pion de choix pour l'Organisation, car après tout, cette faculté incroyable qui faisait d'elle une virtuose du combat lui avait fait acquérir le statut d'Oeil de l'Organisation, un Oeil infaillible, et elle s'était de cette manière attirée les faveurs des hauts-dirigeants, qui, en outre, appréciaient grandement son apparent comportement sage et obéissant. En effet, la lecture de l'aura était devenue son point fort, c'était ce qui, dorénavant, la distinguait de toutes les autres combattantes. Plus l'être qui lui faisait face dégageait d'énergie démoniaque, et plus il lui était aisé de prévoir ses attaques, de le ressentir, à proprement parler. Durant le combat, Abigaïl n'avait de cesse de lire en Lila, afin de recueillir le moindre remous de son aura, la moindre légère perturbation. Ainsi, elle avait pu ressentir une énergie limpide et frétillante, comme si l'Insaisissable était satisfaite et enjouée quant à la bataille qui les opposait. Pour tout avouer, plus le combat se prolongeait, et plus Abigaïl l'appréciait, bien qu'elle l'eût de prime abord accepté à contre coeur. Et l'effervescence de Lila ne pouvait que la conforter dans cette idée. Celle-ci n'était autre qu'une combattante remarquable, après tout, et se renseigner sur les capacités de ses pairs n'avaient rien de préjudiciable ...
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MessageSujet: Re: Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement]   Retour aux sources... [Staff] > [Camp d'entraînement] Icon_minitimeDim 3 Oct - 19:50

Abigaïl :
- 4 points xp net
- 2 points supplémentaires à cause de l'abandon de ta partenaire en plein rp
soit : +6 points d'xp



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